Autant dire qu'avec une réadaptation d'un tendre classique de mon enfance, une bande-annonce jolie et au vu du casting 4 étoiles, l'échec s'annonçait en pleines pages. Mes probabilités d'apprécier cette réalisation étaient donc proches du zéro. En effet, tant d'atouts sur le papier et d'attentes réunis donnent rarement satisfaction.
Pourtant, serait-ce le cadre de ce cinéma miteux envahi par une pincée d'âmes sensibles avides de romance ? ou serait-ce mon sens ambigüe de la fraternité ? mais bien vite je me suis sentie trahie. Trahie par mon flair. Watson n'est plus un si fin limier pour son nez. Touchée au-delà de toute raison valable, je n'en démords pas moins.
Avouons-le, nous ne nous sommes pas trompés. Le scénario est plat. Les dix premières minutes du film nous dévoilent tout ce qu'il y a à savoir sur les destins des 4 jeunes femmes tout droit sorties des paquets de caramels à 1 franc et des mistral gagnants. Après la Belle et la Bête, Emma Watson reprend du service avec encore une fois le rôle de la jeune et douce, après Marie Stuart, Saoirse retrouve ses petits souliers avec la vie d'une rebelle féministe tandis que la délicieuse et charismatique Florence Pugh peine encore à s'envoler pendant que Timothée Chalamet, nouvelle coqueluche des adolescentes, tutoie les étoiles.
Alors pourquoi grand dieu, ce film est-il plaisant ?
Si le film gagne en efficacité grâce à son montage alternant deux périodes de leur vie avec simplicité et sans fausse note, cela ne saurait suffire pour émouvoir. Si les goûts ne se discutent pas, je crois pourtant toucher du doigt ce qui pourrait avoir fait légèrement voler une plume sur mon ciel gris : cette inquiétante étrangeté du "qui est-ce" qui vient hanter tout le long ce film. Cette impression de reconnaître sa sœur dans Meg, de se reconnaître dans Beth ou dans Jo, cette sensation de ce miroir de l'humanité, sans concession mais avec panache et joie. Cette lueur dans son cœur qui fait tilc et puis s'en va.
Bref, cette galerie de personnages qui sont nous avant d'être fictifs. Se demander à chaque scène qui de l'un ou de l'autre, nous nous sentons le plus proche et nous partageons les mêmes pensées ou espoirs. Une fresque tendre et universelle d'un "qui est-ce" sans lunettes mais avec cœur.