Cette adaptation du célèbre roman de Louisa May Alcott se regarde sans déplaisir. Les temporalités s'entremêlent, décousant le destin de cette fratrie de jeunes artistes, frappée par des drames, des joies et des peines de coeur. Greta Gerwig, à qui on doit l'épanouissant Lady Bird, modernise l'histoire en mettant l'accent sur l'identité de la femme, à travers ses choix, ses forces et son désir d'indépendance. Rares sont les romans d'époque où les femmes ne se restreignent pas aux rôles de femme de, fille de, mère de ou encore victime de... Ici, les femmes font battre le coeur du film où les personnages masculins ne font que tenter de s'y greffer. La réalisatrice se sert alors du classique pour traiter de sujets très modernes : le rapport de la femme à l'art, à l'argent, à la société, aux rêves, au futur, à la famille... Certaines répliques résonnent donc très fortement aujourd'hui et le jeu des actrices, empreint de beaucoup de vitalité, prête à s'identifier à ces destinées. Saoirse Ronan est excellente, comme à son habitude, tout comme Florence Pugh et Emma Watson qui s'essayent à des rôles différents. Meryl Streep, en tante acariâtre, est géniale mais trop peu présente et Timothée Chalamet contribue à la fougue juvénile du long-métrage. Ah oui, et Louis Garrel prouve qu'il sait beaucoup sourire ; c'est donc un contre-emploi étonnant pour l'acteur français ! Pour ma part, malgré toute la pêche du film et ses bonnes intentions, je l'ai trouvé parfois désuet et maladroit, notamment dans son montage déconstruit. J'ai senti les nombreuses coupes et raccourcis de l'adaptation et ça m'a parfois gêné dans la fluidité. Aussi, le choix des flash-backs n'est pas des plus judicieux. Le juste-milieu n'est pas toujours maitrisé ; en effet, le scénario s'étale parfois sur des longueurs et à d'autres moments, n'en fait pas assez, voire passe totalement à côté de détails importants. Les filles du Docteur March revêt alors une forme expéditive et condensée, un peu fourre-tout ! Bien que ça aille de paire avec l'emportement des actrices, le film m'a tout de même un peu perdu dans sa forme. Dommage car le fond est là et il est beau !