Changement d’époque pour le dernier film de Greta Gerwig, direction le 18e siècle entre New York et Concord dans le New Hampshire avec Les filles du Docteur March.


Réalisatrice féministe et livre classique arrivent à se conjuguer ? Et bien la réponse à cette question se retrouve dans la nouvelle adaptation du roman de Laura May Alcott. En adaptant Les filles du docteur March, Greta Gerwig confirme tout le bien que l'on pensait d'elle après son premier film en tant que réalisatrice, Ladybird. La modernité du roman se ressent malgré ses 150 ans d'âge.



Un roman où l’écho de la société actuelle



Comme les romans de Mark Twain, les 4 filles du docteur March fait partie de ses romans qui ont façonnés l’unité américaine. Louisa May Alcott y dresse le portrait saisissant d’une famille idéale pendant la guerre de sécession. Le docteur du titre étant partie au front comme aumônier dans les troupes nordistes, ce sont les femmes qui portent le foyer. En l’occurrence la mère et ses 4 filles et ses domestiques.
Une aubaine pour les actrices qui se sont succédées dans ses différents rôles au fil du temps. En l’absence des hommes, la maison des March va devenir l’esquisse d’une société moderne ou ses dames vont devoir assumer les responsabilités qui leurs sont habituellement refusées. A commencer par la plus indépendante d’entre elles, c’est Joséphine qui se rêve en écrivaine, qui constitue en quelque sorte le double littéraire de la romancière. Autre personnage essentielle, Tante March, qui dans le film de Greta Gerwig, revit une importance d’autant particulière car il est incarné par Meryl Streep, célèbre pour son grand jeu d’actrice.



Une réalisatrice devenue icône de sa génération



Au sein d’un cinéma américain qui accuse le coup au niveau des réalisatrices, Greta Gerwig a taillé sa route à travers les comédies mis en scène par son compagnon Noah Baumbach dont elle est devenue la scénariste avec Frances Ha. Très vite après ce premier succès critique, la cinéaste n’a pas tardé à voler de ses propres ailes en abordant la question du féminisme avec ses moyens. Ce dernier est notamment visible par son inspiration à la liberté.


Un tournant dans sa carrière de réalisatrice, puisqu'après avoir assumé ses idées féministes, elle remporte le Golden Globes de la meilleure comédie en 2017 pour Ladybird, un film dans lequel elle évoque le passage à l'âge adulte d’une jeune en quête d’émancipation.


Les filles du docteur March en constitue le prolongement logique. Pionnière d’un cinéma américain qui se cherche aujourd’hui des égéries, Greta Gerwig en a tiré une adaptation nettement plus féministe que les précédentes.


Malgré son militantisme, Gerwig s’offre un petit plaisir. En effet, en offrant un rôle inattendu du premier de service à Louis Garrel, elle étonne et surprend tout le monde avec Le Dreyfus de J’accuse.
Certains trouveront sans doute beaucoup à redire à la vision de Greta Gerwig. Néanmoins, l’adaptation, qui arrive à concilier les convictions de la cinéaste et l’aspect purement romanesque est plaisant. C’est donc un plaisir simple qui nous est offert pas la réalisatrice avec cette fresque familiale, dont la modernité de l’oeuvre arrive à traverser les époques. (femmes modernes et rêves intemporelles)



Un microcosme de talents



Greta Gerwig reste fidèle dans ce film à l’actrice exceptionnelle Saoirse Ronan, dont le nom a été associé depuis une douzaine d’année à une série de rôle marquants dans des oeuvres importantes. LadyBird lui a valu le golden Globe qu’elle avait raté huit ans plus tôt pour Reviens-moi et Brooklyn. Quant aux deux filles du Docteurs March, elles sont incarnées par Emma Watson, Florence Pugh et Eliza Scanlen, leur mère étant campé par l’impériale Laura Dern. A leurs côtés, on retrouve l’acteur tendance du moment : Timothée Chalamet, en séduisant amoureux de Joséphine March.
Au final, cela donne une réunion d’acteurs géniaux, qui offre un très bon moment de cinéma. Donc petit conseil, foncez-voir ce film rempli de sensibilité et d'honnêteté sur le monde actuel.

ThomasFaidherbe
8
Écrit par

Créée

le 16 janv. 2020

Critique lue 133 fois

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