"La femme, la vie, la liberté"
Emmanuelle Bercot, Mathilde dans le film, interprète une photographe-reporter de guerre française qui couvre, quelque part au Kurdistan, l'offensive militaire d'un bataillon de soldates kurdes. Golshifteh Farahani, la commandante Bahar est à la tête de ce groupe de femmes, guerrières, auparavant captives sexuelles des extrémistes. Bahar et Mathilde, deux destins différents mais abîmés pareils et par les mêmes criminels.
Nous sommes face à un film sur la guerre avec des passages classiques du genre entre mitraille et embuscades au milieu de décors fascinants de désolation ; mais l'aspect le plus notable du film est politique avec une forte empreinte féministe.
Les filles du soleil est un long métrage visuel et sonore, les dialogues ne sont pas nombreux (le monologue final récité par Emmanuelle Bercot et qui accompagne le générique est le point d'orgue du film)
Eva Husson nous offre un film brut, dans lequel l'intense Golshifteh Farahani domine ; son regard brun transperce l'écran et la poussière dans laquelle elle évolue avec ses camarades de lutte.
"La capitaine Bahar ferme les yeux, elle se concentre sur l'asbsence de bruit mat, presque ouaté de la brume. Un foulard bordeaux parsemé de fleurs rose vif parsème ses cheveux. Malgré elle, malgré tout, elle a l'air d'une reine échappée d'un temps lointain..."
Bel hommage au combattantes kurdes, le récit est d'autant plus intéressant qu'il montre les violences physiques mais également les tortures psychologiques, les viols (y compris sur de nombreuses mineures), les femmes vendues comme esclaves, ... Autant de violences qui sont souvent ignorées mais qui détruisent durablement l'identité de ces milliers de femmes.
Dans ce film, nous sommes immédiatement immergés au cœur du combat. La mise en scène est étudiée pour et cela est plutôt efficace. Les flash-back nous apprennent, sans fioritures, les données essentielles sur le passé de Bahar.
- Festival du film politique de Porto-Vecchio 2018 : Prix du jury
- Le film est en sélection officielle du Festival de Cannes en 2018 ainsi qu'au Festival de Toronto, la même année
- Le film s'inspire des massacres de Sinjar, commis en août 2014 en Irak contre les yézidis par les djihadistes de l'État islamique, ainsi que de la bataille de Sinjar, qui du 3 août 2014 au 13 novembre 2015 opposa les groupes kurdes aux djihadistes
- Le personnage est inspiré de Marie Colvin, une journaliste américaine spécialiste du monde arabe (victime, elle aussi, d'un éclat de grenade à l’œil)