Aflonso Cuaron ! Ce demi-dieu, qui vous fait retrouver l'amour de l'humanité, en passant par ses côtés les plus sombres. Mais c'est indispensable. C'est une étape à affronter si l'on veut la sentir pleinement, n'est ce pas? C'est du moins l'impression que j'ai en sortant du visionnage de Gravity, et des Fils de L'homme.
Bon, à savoir: je me suis rarement auparavant intéressée à comment la caméra avait été maniée, à comment le film était monté... Je me laissais envahir, c'est tout, comme si tout ça était magique.
Avec les Fils de l'homme, ça a changé ;
Juste après le visionnage de la scène de la voiture piégée...
J'ai mis pause, un peu trop perturbée. Et puis je me suis dis: "attends, il y a eu un truc bizarre, c'est bizarre oui que ça me fasse autant d'effet! C'est bizarre que j'ai été autant surprise! L'ambiance est étrange ! Pourquoi ça me paraît si vrai? Pourquoi je suis en train de trembler, pleurer, alors que dans les films, j'ai déjà vu quelqu'un se faire détruire la gorge hein? Je suis plus une noob hein?
Et bah la réponse est: plan séquence.
J'ai remis la scène, et n'ai remarqué aucune interruption.
J'ai remarqué comment la scène était construite, admirablement, sans un faux pas.
Et j'avais jamais vu ça, j'avais jamais vu une scène aussi bien maniée, où tout est fort, vrai, fou, grâce à une technique vieille comme le cinéma, celui de ne pas lâcher la caméra...
Et évidemment, comment ne pas parler de l'autre plan séquence du film, celui
où les deux protagonistes traversent la guerre civile avec le bébé, et où tous les militaires s'arrêtent, éberlués.
Et ce qui est magnifique, c'est le non-jeu des militaires: non ils ne sont pas bouches bées, non, ils ne surjouent pas en poussant des cris: ils s'arrêtent de jouer, en fait. Eux, acteurs pour le film, arrêtent de jouer, et regarde un bébé, en même temps que leurs personnages arrêtent de s'entretuer pour regarder la vie.
Et voilà le secret du film: S'il est un film de science fiction ou que sais-je, il est pourtant si près de nous que ça fait pleurer. Alfonso Cuaron nous montre une fois de plus à quelle point la vie est belle, mais pas niaisement, non.
Il y a tout un apprentissage de l'optimisme, du désir, de la beauté, avant d'en arriver à un amour simple et pur de la vie. Cet apprentissage, il est douloureux, il l'a bien compris, et le spectateur doit le traverser, aussi durement que lui, pour arriver à le comprendre.
Merci merci merci. Un des films les plus précieux que je n'ai jamais vu.