Ce qui m'a le plus intéressé dans ce film, c'est la description du monde dans lequel se déroule l'action. Nous sommes en 2027 et, pour une raison qui restera inconnue, les femmes sont stériles depuis 18 ans. 18 ans sans la moindre naissance (humaine) sur la planète.
Du coup, l'humanité est convaincue de vivre ses dernières heures, ce qui favorise les actions violentes et désespérées. La quasi totalité des pays de la planète sont les victimes de révoltes sanglantes et d'attaques terroristes. Les groupes politiques extrémistes se mêlent aux fanatiques religieux. Le chaos est partout.
L'Angleterre échappe (à peu près) à cette débâcle générale et reste le pays le plus stable (relativement). Du coup, les réfugiés qui fuient les violences de leurs pays se dirigent tous vers Albion. L'état anglais se renferme dans une répression policière terrible, présentant les immigrés comme des criminels et les contenant dans des ghettos et des camps de prisonniers.
Rien n'est expliqué aussi clairement dans ce film, qui laisse beaucoup de zones d'ombre et de larges places pour l'imagination. Mais le constat est là, terrible. Après avoir vu ce film, il est impossible de rester indifférent au sort des immigrés, qu'ils soient clandestins ou non (ce thème est d'ailleurs majeur dans la production artistique contemporaine).
La réalisation parvient, avec beaucoup de talent, à créer une ambiance glauque. Tout est gris, la terre est dévastée, l'humanité court à sa perte. La violence est omniprésente. Et la situation, bien entendu, ne fait qu'amplifier les injustices sociales, puisqu'une classe d'ultra-privilégiés vit dans un luxe reconstitué au centre de l'Angleterre, au milieu de l'oisiveté et des rares œuvres d'art qui ont pu être préservées.
Pour s'en sortir dignement, il existe même des "kits de suicide" vendus librement. Ca m'avait beaucoup fait penser à un autre chef d'œuvre du genre (avec une autre présentation terrifiante de l'avenir de l'humanité), Soleil Vert. L'ambiance est globalement identique. Les Fils de l'Homme est un Soleil Vert moderne.
Et, parmi tout ce désespoir, il y a un homme, blasé, peut-être vaguement déprimé, qui va se retrouver au centre des combats. Car il va devoir protéger une jeune immigrée, Kee.
Kee est enceinte de huit mois.
Un film choc, brutal, qui a l'intelligence de ne pas faire de la surenchère mais de laisser le temps à la tension, de la faire monter progressivement, de bien planter le décor. De même, Clive Owen n'en fait jamais des tonnes, il reste sobre, remarquable, à la hauteur de ce qu'on attend de lui. Le cinéaste évite brillamment tous les pièges du genre.
SanFelice
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le 20 avr. 2012

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SanFelice

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