Fable d'anticipation déjantée et vulgos bien comme il faut Les frères pétard est l'une des nombreuses productions Fechner de la décennie 80 fonctionnant sur le principe du duo comique, au même rang que Marche à l'ombre ou les films de Francis Veber. Réunissant Gérard Lanvin et Jacques Villeret devant la caméra le futur réalisateur de Un Indien dans la ville fait la part belle à un scénario complètement frapadingue accumulant les situations scabreuses voire totalement improbables, filmant un Paris crasse et défoncé de part en part. Doué d'un potentiel comique lié au ridicule des personnages ( aussi bien principaux que secondaires ) et à la dérision généralisée des drogues et du traficotage ( suggérée d'emblée par la citation de feu Coluche, mort l'année de sortie du film...) Les frères pétard est un divertissement somme toute très plaisant à suivre malgré une photographie absolument hideuse doublée d'un mauvais goût qui dépasse l'entendement, allant même parfois jusqu'à l'absurde. Scénaristiquement irréaliste, encombré de raccourcis narratifs tombant souvent comme un cheveu sur la soupe mais pourtant si cocasse et si attachant que le culte n'est parfois qu'une question d'acclimatation le film de Hervé Palud est de surcroît accompagné d'une bande originale tout à fait jubilatoire composée de morceaux de rock n'roll, d'electro-groove et de démo-speed plus que sympathiques à (ré)écouter...


Paris selon Palud est ici une métropole peuplée de junkies, de pouffiasses et de caïds à la petite semaine arpentant les quartiers chauds en quête d'un peu d'argent et de confort ( squatts dégueulasses, appart' craignos ou encore foyer paternel reconverti en barricade soixante-huitarde...). Le réalisateur va même jusqu'à s'infiltrer dans les égouts pour une référence bien sentie à Victor Hugo, préférant bien entendu la pure parodie au respectable pastiche. Au centre de la capitale il y a donc Manu et Momo ( respectivement Lanvin et Villeret ), deux loosers amis du même immeuble et des mêmes plans foireux qui vont faire leur beurre dans le commerce du pétard : d'abord à leur insu car mis à l'amende par Sammy le blackos puis finalement experts en trafic et stockage de beuh après avoir déjoué moult codes secrets et autres réserves personnelles Manu le malin et Momo le momo vont devenir d'imparables dealers, l'un passant son temps entre la cantoche et les coups d'un soir, l'autre tentant de biaiser pour mieux duper son pater ( Michel Galabru, accessoirement agent de police indigné d'avoir un rejeton aussi peu travailleur ).


On note au passage d'excellents seconds rôles, principalement Josiane Balasko et Valérie Mairesse dans un deuxième duo comique bien folichon ( compagnes de Villeret-Momo et de Lanvin-Manu ) et l'impayable Daniel Russo en flic cocaïnomane peloteur de croupes portugaises. Certes l'ensemble reste esthétiquement déplorable et digne d'un téléfilm rien de plus tarte à regarder mais l'équipe et son enthousiasme promettent des moments réellement sympathiques à voir. Un bon petit morceau de cinoche, à re-découvrir à la prochaine rediffusion...

stebbins
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le 20 mai 2015

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stebbins

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