Ah, Les galettes de Pont-Aven...
Il s'agit incontestablement du film le plus célèbre du confidentiel Joël Séria et de la consécration définitive du grand et regretté Jean-Pierre Marielle. Un an avant le cultissime et désopilant Comme la Lune le réalisateur et son acteur-fétiche livrent un portrait brossé en grandes couches des contrées bretonnes.
Dans Les galettes on trouve : Marielle alias Henri Serin, VRP en parapluies et peintre à ses heures oisives, franchouillard désireux de foutre le camp du carcan familial, gouailleur sympathique tombant en émoi devant les galbes gracieux des séants féminins ; Bernard Fresson génial en peintre homo refoulé complètement beauf ; Claude Piéplu et sa voix reconnaissable entre mille jouant pour le quart d'heure un bigot irrésistiblement malaisant ; Dominique Lavanant prêtant ses traits à une prostituée peu commode et dure en affaire ; Jeanne Goupil et son petit minois de poupée juvénile à la tendresse désarmante...
De la poésie, une verve truculente, une tristesse doucement amère à travers laquelle l'errance de l'inénarrable Henri Serin communique un chagrin d'amour profondément authentique, passant du cocasse à l'anémie joviale... Si Comme la Lune brillait d'un humour pratiquement jubilatoire et de tous les instants inhérent au protagoniste Les galettes de Pont-Aven joue davantage sur les situations vécues par le personnage incarné par Jean-Pierre Marielle : plus existentielle, drôle certes mais également empathique et mélancolique cette tranche de vie s'avère douloureuse, dressant ni plus ni moins le portrait d'un homme cherchant simplement le bonheur à défaut d'autre chose ; le duo Marielle-Goupil dans les dernières minutes ( saynète musicale revisitant le magnifique Kenavo de Théodore Botrel ) impose à lui-seul le visionnage des galettes... C'est superbe.