Quand on est face aux Garçons sauvages, on vit un moment de cinéma rare, étrange et hors-normes, loin du soucis habituel de compréhension et de divertissement pour lesquels on aime se rendre dans les salles obscures. Ovni sorti d'un autre temps, d'un autre monde, le premier long-métrage de Bertrand Mandico sort des sentiers battus avec ce conte érotique où une bande de cinq adolescents rebelles, après avoir commis un crime, sont conduit par un mystérieux capitaine sur une ile secrète aux vertus magiques qui vont littéralement les métamorphoser... Difficile de se faire un avis sur cette forme si singulière et hors-normes mais ce qui est sur, c'est qu'on ne peut rester insensible à cette proposition forte et osée fondue dans une masse de films se ressemblant tous... Je trouve dommage qu'il ne soit pas plus distribué. Pour ma part, je suis resté hypnotisé du début à la fin, ne sachant pas quoi en penser sur l'instant, subjugué par ce toupet cinématographique, ces images à l'esthétisme sublime alternant noir et blanc et couleurs, ce casting magnifiquement androgyne au jeu à la fois détaché et très physique et ce conte pour adultes, entre loufoquerie aventureuse et la violence du sexe. La post-synchronisation des voix décale l'authenticité du présent par moment et il y a quelques longueurs aussi mais rien ne peut contredire le geste artistique du réalisateur qui est une véritable déclaration d'amour au cinéma, la preuve que toutes les histoires sont possibles, que des actrices peuvent tout jouer (y compris des garçons) et que le sexe peut être poétique et onirique, sans être grossier. Il y a de l'humour, des airs de musiques classiques connus, des actrices magnifiées, des effets dépassés mais pleinement assumés : du simple dans l'extravagant, du nouveau dans l'ancien, du jamais vu dans des références. On pense à Querelle de Fassbinder, L'ile du docteur Moreau pour le côté vieux film d'aventures à la flore tropicale foisonnante avec son personnage étrange (ici, Elina Löwensohn). En sortant de la salle, j'étais dubitatif mais en y réfléchissant, Les Garçons sauvages revêt une forme inédite dont on se souvient et où certains plans restent et nous font rêver. Oui, c'est totalement spé, barré, perché, tout ce que vous voulez, mais j'ai beaucoup aimé pour le geste osé en ces temps de restrictions, de politiquement correct et de "Time's Up". Merci, ça fait du bien !

alsacienparisien
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le 5 mars 2018

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