S'il y a bien un projet qui a laissé perplexe dans le cadre de la Phase 2 du Marvel Cinematic Universe, c'est bien celui consacré aux Gardiens de la Galaxie, groupe inconnu du grand public, et pas forcément plus de l'amateur de comics.
En effet, qui se souvient que l'équipe avait connu une première incarnation en 1969 grâce à Roy Thomas, Gene Colan et Arnold Drake ? Que cette équipe a vivoté avant de peu à peu tomber dans les limbes de la mémoire ?
Qui se souvient que cette team dysfonctionnelle a été relancée, avec des recrues différentes, suite à un crossover cosmique, Annihilation, en 2008 ? Avant d'être arrêtée en 2010 après seulement vingt-cinq numéros ?
... Pour mieux être relancée, en 2013 afin de préparer le terrain au cinéma, et dans le cadre de l'opération éditoriale Marvel Now !
Les Gardiens de la Galaxie partent donc de loin, perdu entre les aventures solo de la sainte trinité Marvel Captain America / Thor / Iron Man et la formidable réunion Avengers mise en scène par Joss Whedon.
D'autant plus que James Gunn, en 2014, se résume à ses débuts chez Lloyd Kaufmann, et aux seuls Horribilis, de la série B malpolie, et Super, soit la vision désenchantée du justicier en costume.
Malgré un teaser qui intrigant, le projet Les Gardiens de la Galaxie ne pouvait sans doute que relever de l'entreprise bouche-trou pour beaucoup, de celles où il n'y avait donc pas grand chose à attendre du point de vue des cyniques. Et pourtant, c'est là que la réussite se montre d'autant plus fulgurante.
Car, après un Captain America : Le Soldat de l'Hiver qui s'était imposé comme l'opus le plus sérieux du MCU, James Gunn choisit de s'inscrire en total contrepied en faisant de ces Gardiens le véhicule d'un humour des plus débridés. Allant jusqu'à trahir l'essence profonde d'un personnage comme Drax, en le transformant en comic relief sur pattes décalé et imperméable à la métaphore et au second degré.
Car finalement, rien n'est très sérieux ici, malgré les apparences et le fait que Thanos soit un peu plus présent, laissant planer son ombre mortifère sur un monde qu'il veut réduire en cendres.
Quill et sa clique sont donc dépeints comme des bandits de grand chemin, des bras cassés et des zozos de première, une bande dont ressort cependant Gamora, la seule à prendre pleinement conscience de la menace que constitue la chasse à la pierre de réalité.
Le reste, ce sont des péripéties, des hommages, des visites de prisons, de têtes de Célestes et autres planètes inhospitalières, comme dans un opus de Star Wars hilare. Ce sont des personnages immédiatement attachants, peut être même les plus attachants de l'écurie Marvel. Entre un raton-laveur susceptible, un homme tronc qui n'a que trois mots à son vocabulaire et un tueur obnubilé par sa vengeance. Des personnages réalistes et suscitant l'empathie alors même qu'ils relèvent de l'improbable et des effets spéciaux ultra maîtrisés par James Gunn et ses acolytes.
Le tout comme si Les Gardiens de la Galaxie n'évoluait jamais dans le même univers que celui étendu dans la tapisserie tissée par Marvel, au sein d'un space opera trépidant, stimulant, spectaculaire et haut en couleurs. Qui s'amuse sans pour autant oublier de s'incarner dans sa clique intergalactique.
Une respiration dans l'univers Marvel aux accents d'épisode loner où tout semble permis, même le fait de s'emparer d'un climax obligatoirement épique en le décalant un peu plus encore, en faisant littéralement danser Peter Quill devant Ronan l'Accusateur. Un moment suspendu dans le temps entre l'incongruité de la situation et la pensée fugace d'un "quand même, ils ont osé" euphorisant et revigorant.
Mais le succès aurait-il été le même sans cette bande son rétro pop instantanément culte nimbant le film, réussissant à exhumer des refrains imparables comme le fait si souvent Quentin Tarantino dans ses propres magnum opus ?
Peut être pas, à la réflexion, tant elle tend à donner cette petite touche supplémentaire rendant Les Gardiens de la Galaxie terriblement Awesome...
Je s'appelle Groot... Euh... Behind_the_Mask.