Il y a trois ans de cela, sortait sur nos écrans Les gardiens de la galaxie, nouveau film de Marvel voyant son intrigue se dérouler cette fois dans l’espace. Personnages attachants et décalés, humour tantôt moqueur, tantôt absurde, effets spéciaux, batailles spatiales et univers dantesques, bande son séduisante, ambiance eighties, un Marvel important ayant créé la surprise chez les fans, réinventant à lui tout seul le space opéra. Succès oblige, une suite était logiquement sur les rails et elle sort enfin cette année. La question est de savoir si elle ne va pas se tourner vers la suite bêtement pompeuse et parodique…


Le VRAI renouveau de chez Marvel


Ça fait depuis Captain América : Civil War que les studios nous baladent, nous promettant un tournant dans le MCU (Marvel cinématic universe) et qu’à chaque sortie d’un nouveau film, on tombe dans le panneau. Le dernier en date : Doctor Strange. Son ambiance sombre, mystique et mature, on y croyait à cette histoire de tournant. Mais l’ajout visible et surfait d’humour en milieu de film nous fit perdre espoir (cf la cape de lévitation). Toujours le même plat dans notre assiette. Oui c’est bon mais à force d’en manger encore et encore, c’est l’indigestion, pire, le dégout. On veut un plat différent mais tout aussi succulent.


Contre toute attente, James Gunn, notre serveur personnel attitré, nous apporte avec son gardiens de la galaxie volume 2, un nouveau plat savoureux et différent de celui qu’on nous servait depuis années. La saveur est similaire, seulement elle est accompagnée d’un nouvel ingrédient la sublimant. Changement de recette, cette sensation de s’échapper du blockbuster Marvélien conventionnel, vous allez la ressentir dès la scène d’ouverture dans laquelle baby Groot danse sur Mr. Blue Sky d'Electric Light Orchestra, pendant que derrière, Star Lord, Drax, Gamora et Rocket affrontent une créature géante toutes tentacules dehors.


Ainsi, juste par ce style de mise en scène, le Marvel d’antan est balayé. Parce que oui, en toute objectivité, toujours avec un profond amour pour les comics et les films de super héros, on dira ce qu’on voudra, depuis Avengers L’ère d’Ultron, les Marvel, vous en avez vu un, vous les avez tous vus. On tourne en rond malgré l’extension de l’univers. Mêmes personnages, mêmes scènes d’action, même type de vannes pour gosses de 5 ans, et surtout même acheminement. Seul Ant man, Captain América le soldat de l’hiver et Les gardiens de la galaxie volume 1 réussissaient à se payer le luxe de ne pas rentrer dans le même sac. On avait pourtant très peur de la suite des Gardiens. Allait-il tomber dans le piège de la suite facile, sans inventivités et limitée ? Et bien NON.


Un seul mot résume à lui tout seul Les gardiens 2 : surprise. ENFIN un Marvel prenant des risques, enfin un Marvel marginalisé et audacieux, bien loin de tous ces petits frères, enfin un Marvel qui ose faire dans l’autodérision plutôt que de l’humour pour enfants de 5 ans (bien qu’il y est encore des résidus), enfin un Marvel plaisant où on s’amuse pendant plus de deux heures tout en versant quelques larmes dans des scènes plus sentimentales. Quand on voit que Gunn a eu de la liberté du point de vue de la composition artistique, on ne peut qu’enrager en voyant que pour les autres, c’est niet. Il est bien le seul réalisateur à en avoir bénéficié et ça, ce n’est pas normal.


Y en a pas un qu’a de la bande adhésive ?


Ce volume 2 n’est aucunement PARFAIT. Comme son volume 1, il a des lacunes. La prochaine chose qui saute aux yeux c’est le trop plein d’humour potache, surtout en début de film. Si on se réfère au volume 1, de l’humour, il y en avait beaucoup. La différence c’est qu’il était mieux géré. Là c’est l’inverse alors que c’est drôle. On ne jongle plus entre action, drame et humour. L’humour a prit du galon et si elles pouvaient êtres physiques, on verrait les vannes fuser de la bouche de nos protagonistes comme des tirs de mitraillette. Juste TROIS blagues de gosses m’ont agacé: les tétons et la zigounette, et un passage sérieux où le réalisateur c’est senti obligé d’y inclure de l’humour. C’est minime, on a évité le pire, mais c’est foireux. Pour sa défense, n’oublions pas que contrairement aux autres héros Marvel (seul Scott Lang alias Ant Man, Spiderman et Thor en sont dispensé), les personnages des Gardiens de la galaxie sont tous plus immatures les uns que les autres.


Autres problèmes : le scénario reste pauvre malgré les nombreuses révélations, l’intrigue principale mets un temps fou à se mettre en place, la deuxième moitié du film est longuette, contrairement aux Gardiens 1 qui était plus rythmé du début jusqu’à la fin, et, ça peut paraitre bête pour certains, mais l’absence du chien Cosmo (chien télépathe avec un accent soviétique, portant une combinaison d’astronaute et que vous aviez pu apercevoir dans le volume 1 chez le collectionneur), personnage ayant son importance dans l’univers des gardiens, déçoit. Un rôle dans le volume 3 ?


Pour tout le reste, il y a d’excellentes idées comme celle de séparer la bande à certains moments. Ceci permettant à James Gunn de former des binômes afin de montrer que certains personnages ont des personnalités similaires. Drax et Mantis, Yondu et Rocket, Ego et Peter, Gamora et Nebula. Space opéra oblige, vous voyagerez, découvrirez de nouveaux gadgets technologiques, de nouvelles espèces aliens et de nouvelles planètes comme :
Contraxia, une planète cyber punk enneigée où les clubs de stripteases sont à tous les coins de rues (visuel qui n’est pas sans rappeler le film Blade Runner),
Sovereign, planète somptueuse abritant des gens dorés sympathiques. On y trouve aussi le palais de la prêtresse Ayesha où on est amusé de voir la transformation de la salle de commandement en pseudo salle d’arcade. Visiblement, les soldats d’Ayesha ne sont pas très courageux.
Ego, planète créée par Ego lui-même. Cette planète crépusculaire est verdoyante et féérique.


Certaines mauvaises langues diront que Gunn a tiré son inspiration de l’univers de Star Wars et Avatar. Vu le nombre incalculable de films sur ce thème, difficile de voir de la nouveauté.


Pas de pierres d’infinités, pas de Thanos (il arrive…un peu comme les dragons dans Games of thrones), on s’intéressera cette fois à une nouvelle et mystérieuse forme d’énergie pouvant menacer toute la galaxie. Plus d’objets à voler, mais plus d’antagonistes dont:
Ayesha, une déesse à la peau dorée susceptible vivant avec son peuple sur une planète nommée Sovereign,
Taserface (ne vous moquez pas de son nom, vous pourriez le regretter), la peau rougeâtre de balafres, lourdement armé, pas très futé, c’est un membre des ravageurs qui se rebellera contre Yondu.


JE suis ton père…


Comme pour Star Wars (dont on peut voir ici le joli clin d’œil à la saga grâce à la célèbre réplique « Je suis ton père »), Les gardiens 2 s’intéressera à cette absence de figure paternel de notre héros. Rappelez-vous que quand il était enfant, Peter, vivait sur Terre avec sa mère, avant qu’elle ne meure d’un cancer. Il n’a pas connu son père, a juste entendu de sa mère « qu’il venait des étoiles ». Emmené ensuite dans l’espace par Yondu, le chef des ravageurs, Peter sera élevé à la dure, devenant l’homme que nous connaissons tous. Une enfance douloureuse hantant toujours notre héros. Dans cette suite, on obtiendra enfin une réponse aux questions que l’on se posait. Comment Ego a connu la mère de Peter ? Pourquoi il n’était pas là quand sa femme est morte ? Pourquoi l’a-t-il abandonné elle et son fils ?


Rythmé par une bande originale rock’n’roll volume à fond (Mr blue sky d’Electric light orchestra, Wham Bam Shang-A-Lang de Silver), allant jusqu’à l’affiche du film totalement rétro donnant déjà envie de se précipiter en salle, Les gardiens de la galaxie Volume 2 est aussi bon que son prédécesseur. Ce qui avait fait mouche dans le premier opus, à savoir, l’ambiance/visuel rétro ainsi que l’autodérision dont faisait preuve nos héros dans u**ne mise en scène complètement décalée** sont de nouveau à l’œuvre. Seulement voila, maintenant que tout a été mis en place (l’univers et les personnages) l’acheminement et les types de scènes que vous verrez dans cette suite seront différentes. Si ça avait été similaire au premier, beaucoup auraient criés au scandale. On le redit encore : plus d’humour dans ce volume 2. Soyez rassuré d’une chose de ce coté là : le film sait, tout comme dans le volume 1, mettre l’humour entre parenthèse lorsqu’il s’agit d’émotion.


Parce que oui, ce qui faisait aussi le charme des Gardiens de la galaxie, c’était l’émotion ressortissant de nos personnages sensibles s’étant tous forgés une carapace afin de ne pas montrer les blessures du passé. Dans le volume 1, il s’agissait de rencontres, de la construction de cinq personnages blessés se réunissant, apprenant à se connaitre pour devenir par la suite une véritable famille. Dans le volume 2, on explorera les difficultés que l’on rencontre lorsque l’on est entouré par des gens qu’on considère comme une famille. De plus, cette histoire avec l’arrivée du père de Star Lord ne manquera pas de nous intriguer, tout en faisant son petit effet émotionnel. Rien de plus émouvant que des retrouvailles entre un père et son fils.


Restera cette fin tout bonnement alléchante. Entrée de nouveaux personnages dont les futurs antagonistes » ? », tout se met en place pour un volume 3 qu’on attend impatiemment. En plus de pouvoir vous consoler en vous précipitant sur la première saison de la série animée, vous reverrez Star Lord et sa bande plus tôt que prévu puisqu’ils joueront un rôle (important ?) dans Avengers : Infinity War. Sortie l’année prochaine. Routine habituelle : par respect pour l’équipe du film, on reste jusqu’à la fin du générique. Parce que cette fois, pas moins de CINQ (oui vous avez bien entendu) séquences post-générique semées pendant le générique, vous attendent. C’est une première, après Ninja Turtles 1 et 2, Power Rangers, c’est au tour Des gardiens de la galaxie de faire tout pour que le spectateur pressé ne quitte pas la salle pendant les crédits. En plus du subterfuge des scènes post-gèn, défile devant nous un générique animé, pop et coloré, rendant hommage aux hommes et aux femmes ayant contribué à la création du film.


Au final, Les Gardiens de la galaxie Volume 2 maintient la surprise qu’avait été son prédécesseur. Moins complexé que ce dernier, de la vanne tantôt poussive, tantôt hilarante, des situations absurdes, des caméos de folies (quel rôle aura Stan Lee cette fois ?), des acteurs et un réalisateur qui s’amusent, des easter eggs placés intelligemment, des références à la pop culture des eighties, des effets spéciaux un cran au dessus du un (rien que l’animation de Rocket le prouve), une bande son endiablée, des révélations, des moments de tendresses, de mignonneries (baby Groot bien entendu), de franches camaraderies, de bons sentiments, de nostalgie. Restera le scénario, fébrile, et certaines répliques décevantes. Comme pour le précédent, on ressort de la salle, le sourire aux lèvres, repensant à ce bon moment qu’on a passé en compagnie de nos anti-héros préférés.

Jay77
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le 28 avr. 2017

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