How are you, GI Joe? It seems to me that most of you are poorly informed about the going of the war, to say nothing about a correct explanation of your presence over here. Nothing is more confused than to be ordered into a war to die or to be maimed for life without the faintest idea of what's going on. (Hanoi Hannah, 16 juin 1967)
La voix féminine à la radio m’a immédiatement fait penser à Hanoï Hannah et à ce passage qu’elle lisait souvent… Cette personnalité à la voix si suave était célèbre pour ses émissions de propagande sur Radio Hanoi. Elle faisait trois émissions par jour, ses scripts étaient écrits par l'armée nord-vietnamienne, elle lisait les noms d'Américains récemment tués ou emprisonnés et jouait des chansons pacifistes populaires dans le but de faire honte aux soldats, de les inciter à la nostalgie voire à la désertion, et de les effrayer.
La guerre du VietNam n’est pas terminée depuis si longtemps en 1979 que l’Amérique ne reconnaisse pas dans ce film une jungle urbaine la nuit, avec les parcs, les cimetières… les tunnels… et des tribus avec différents uniformes (flics contre voyous, gangs contre gangs). Quand on sait à peine lire une carte et qu’on n’est pas chez soi… et qu’on veut à tout prix y rentrer vivant, chez soi, qu’il s’agisse de son pays ou de son quartier. Le parallèle est d’autant plus évident avec cette guerre de territoires et d’influences, qu’à la fin la voix à la radio dit : « nos renseignements étaient faux, toutes nos excuses, vous pouvez regagner la base »…
Oui, il y a également des cowboys, des visages pâles et des indiens aux armes primitives ou des zoulous avec des lances, des seigneurs de la guerre, des esclaves aux chaînes brisées, et une étrange armée de blacks en noir… Des immigrés du monde entier arrivés par cette mer et sur cette plage où tout vient échouer, même l’illusion d’un melting pot réussi. Martin Luther King et son rêve ont été assassinés, la lutte des classes, en politique ou dans les rues, l’utopie communiste, la paix, l’union, la guerre, tout s’est perdu en cette fin des années 70.
New York, cette année, envisage d’instaurer un « maire de la nuit » à des fins de gestion culturelle et sociale, prétendant ne pas savoir qu’il existe déjà, celui qui par exemple règne sur Chinatown pendant que les autorités et les bons citoyens dorment…
Revoir ces "guerriers de la nuit" en 2018 n’est en rien anachronique. S’il est qualifié de culte, kitsch, caricatural, rock’n roll, ce film reste bien annonciateur de ce qui est arrivé par la suite, progressivement, des graffitis dans le métro aux amoncellements de poubelles…. Et du pourquoi de toute cette violence gratuite : « pour aucune raison, » dit celui par lequel tout a commencé (un fou ? un drogué ? un illuminé ?).
Arrivé où cela ? Pas qu’à New York, non… près de chez vous…