En voilà, un film au parti pris étonnant et courageux. Il semblera du coup soit ridicule, soit fascinant. Un film qui n'a rien d'un documentaire sur les rues à New York, voyez plutôt "Panic à Needle Park" si vous voulez du plus réaliste.
Des groupes de 9 délégués des centaines de gangs de NY se retrouvent à Brooklyn pour écouter Cyrus, un orateur qui se voudrait leur nouveau Moïse. Cyrus se fait tuer par un camé, qui fait accuser le gang des Warriors. Ces derniers perdent leur chef, Cleon, mais arrivent à s'enfuir. Nuit de galère : pourchassés tant par les flics que par les gangs, ils doivent retourner sur leur territoire, Coney Island. Pour cela, ils doivent prendre la correspondance à Union Square. En passant sur leur territoire des Orphans, ils ramassent une emmerdeuse, Mercy. Puis se retrouvent séparés à cause d'une course-poursuite. Le chef improvisé, Swan, et trois autres se frittent avec le gang des fan-de-baseball-maquillés-glam, puis Ajax, une grande gueule, se fait serrer par une fliquette en planque. Trois autres sont attirés par le gang des lesbiennes, mais s'échappent in extremis (les gonzesses, ça ne sait pas tirer). Tous se retrouvent, mais se tabassent avec le gang des mecs-en-salopette dans les chiottes homme d'Union Square. De retour à Coney, confrontation avec le camé assassin et son gang de sado-maso, mais le second de Cyrus et son gang énervé viennent et amènent la résolution. Nos héros se reposent en courant dans les vagues sur la plage de Coney.
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J'ai vraiment mis du temps à rentrer dans le parti pris esthétique du film. Les 5 premières minutes regorgent de kitsch. Montage alterné sur plusieurs gangs à l'air sérieux et pénétré se dirigeant vers un conclave à Brooklyn, alors que leur tenue/uniforme passe fort mal : le gang des mimes, des blacks en col pelle à tarte falshy, des Tibétains à bonnet, des Warriors en blouson cuir sans manche porté à même le torse avec un gros "warriors" dessus... J'ai du mal à adhérer, pour l'instant. Le jeu shakespearien, comme s'il y avait derrière des intrigues politiques qui nous dépassent, tombe plutôt à plat.
Mais on finit par comprendre quand viennent ces transitions étonnantes, sous forme d'arrêt image se fondant en cases de BD. Pour aimer ce film, en fait, il faut accepter que l'on vous raconte une histoire inspirée de l'Antiquité sans véritable souci de réalisme. Une histoire de courage, comme il est dit au début. Ce film est autant une reconstitution de NY à la fin des seventies que les chevaliers du Zodiaque sont une reprise fidèle de la mythologie grecque.
Ce qui compte, c'est le décorum, l'imagerie. Donc peu importe que les rues de NY semblent vides, si ce n'est de flics et de gangs. Peu importent ces accoutrements invraisemblables et passablement ridicules. Peu importe qu'on ne sache pas comment ça se finit pour Ajax.
Au fond, le choix de Walter Hill est audacieux, l'histoire fait écrite, mais dans le bon sens du terme, et elle a quelque chose de touchant, cette histoire de courage. Le traitement de la violence rappelle pas mal "Orange mécanique", avec une tension qui est au fond plus efficace que les rares explosions de violence réelle. Mais Hill évite le piège de la surenchère dans le maniérisme, il évite d'être trop bavard (ce qui n'est pas le cas chez Kubrick). Son film a quelque chose de profondément naïf et premier degré, au fond c'est désarmant.
C'est un film profondément kitsch, très marqué par son époque (les chemises à jabot des "square" qui rentrent de soirée ; le look "black panther" du second de Cyrus...), mais qui a du courage, et pour cela mérite le respect.