Au départ, il y a un décor. Celui d'un lotissement prévu comme une grand-rue, qui se termine au bout de quelques maisons. Autour, un bouquet d'arbres tiré au cordeau. Et une décoration années 1960.


On suit les pérégrination de différents personnages entre eux. Le scénario donne l'impression de tourner en rond, mais ça n'est pas là que ça se joue. C'est dans l'inventivité autour des éléments de départ qu'il faut chercher. Le message final est celui d'une satire, qui aborde tout de même des thèmes dérangeants comme l'aliénation religieuse, l'hypocrisie ou le viol.


il y a du Tati, dans le fait d'accumuler une myriade de petites saynettes, de ne pas mettre de musique, d'avoir des personnages qui parlent peu, dans des non-gags (la statue de saint-antoine qui vacille mais ne tombe pas), dans un décor assez étriqué.


Il y a aussi un sens du fantastique, un sentiment de l'étrange d'autant plus inquiétant qu'il ne se cherche pas de justification (la femme de la forêt, le gros à moto inquiétant).


Le trait le plus typiquement hollandais me semble la représentation de la sexualité, très présente.ça trousse beaucoup les jupons, notamment le boucher, personnage vraiment très phallique. On peut difficilement sentir autre chose que du malaise devant les scènes d'agression sexuelle auxquelles il se livre.


Certaines transitions sont corsées : une femme qui replie ses jambes, puis un apprenti boucher qui fait du hachis...


Le thème de l'apparence sociale est assez important, avec les fenêtres, vitrines... qui permettent de voir facilement chez les gens, trait typiquement protestant propre à la Hollande. La mise en scène sert le propos, avec un bon équilibre entre classicisme et inventivité.


C'est un de ces films qui a un cachet indépendant mais possède sa propre cohérence interne, son propre charme. Je recommande.


Synopsis.
1960. Un village dans la campagne, à un endroit où aurait du sortir un vaste lotissement. On suit la vie des habitants, de manière entrecoupée. Anton, un garde-chasse à lunettes, pourchasse le facteur Plagge, qui lit les lettres de ses clients (il sait qu'Anton est stérile). Le jeune Thomas, déguisé en Lumumba, fait du vélo dans la campagne pour échapper aux disputes de ses parents. Son père, boucher, veut faire l'amour tous les jours, contre l'avis de sa mère Martha. De nuit, Thomas surprend une femme débraillée piller leur frigo. Le boucher, de son côté, abuse de son employée Lisa. Elle sort en pleurant de la boutique, la jupe dans tous les sens. Bizarrement, cela attire les femmes du quartier, notamment la femme d'Anton, Elisabeth.
Thomas retrouve dans la forêt la femme blanche. Ils s'immergent dans une mare, font peur au garde-chasse. Les parents de Thomas se disputent, car Martha ne veut plus manger. Lui voit des pères blancs crever, avec leur camion, puis repartir. L'instituteur fait un exposé sur le nègre, avec un Africain en cage (que les pères blancs ont amené). Thomas aide l'Africain à s'enfuir et le cache chez lui.


Anton parvient à faire coffrer Plagge en le prenant par surprise, après avoir mis dans le courrier une revue porno. La fille de la foret rejoint Thomas dans son lit, mais sa mère fait un cauchemar avec un vautour. Le garde-chasse, qui continue à chercher l'Africain, tue par mégarde la jeune femme. Il chasse Thomas, venu enquêter, mais se fait attaquer à la lance par l'Africain peu après. Il revient de l'hopital, aveugle.
Le boucher doit chasser des dévotes de devant sa maison, car Martha, qui continue son jeûne, commence à devenir une sainte. Anton coince l'Africain, mais le laisse filer. Le boucher piège Elisabeth dans un piège à ours, mais Thomas le surprend.
Des prêtres viennent confesser Martha sur son lit de mort. Thomas le vit mal. Il a neigé. Il revient à la mare, gelée. Il voit le cadavre de la jeune femme, Agnès, à travers la glace. Le facteur revient, le console.

zardoz6704
7
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le 18 nov. 2018

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zardoz6704

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