Critique originale sur Le Mag du ciné


Pour cette 72 ème édition du Festival de Cannes, Adèle Haenel est sur tous les fronts. En compétition pour Portrait de la jeune fille en feu, incroyable dans Le Daim en Quinzaine des Réalisateurs et encore une fois remarquable dans Les héros ne meurent jamais de Aude Léa Rapin, l’actrice traverse les sélections en se donnant corps et âme dans chacun de ses rôles, et ça lui va bien.
Les héros ne meurent jamais est un film sur la réincarnation, thème aussi riche que traître dans les attentes un peu para qu’il suscite chez ses spectateurs. Los Silencios, dernièrement, offrait un très beau moment de cinéma sur les allers retours entre passé et présent, fantômes et vivants, mais le film français, présenté en Séance Spéciale à la Semaine de la Critique, s’embourbe dans son thème. Malgré l’audace de sa mise en scène en caméra subjective d’une certaine manière puisqu’elle est, elle-même, le fantôme du cadreur à qui les protagonistes s’adressent directement, dont on sent la présence mais que l’on ne voit jamais, le jeu reste conventionnel et ne permet pas de s’imprégner de l’esprit du film. Le film flotte en permanence entre moments cruciaux et scènes pénibles qui au lieu d’apporter des détails à son histoire, font s’étendre le film dans un périple barbant où seule Adèle Haenel brille.


Que feriez-vous si vous aviez la chance de vivre une seconde vie, de revoir les proches que vous avez perdus et de leur parler une dernière fois en leur disant tout ce que vous n’avez pas pu leur dire ? Le discours bouleversant du personnage d’Adèle Haenel est l’un des points forts du film par la force et la sincérité qu’elle y met en semblant à son tour possédée par cette histoire, hantée par le besoin de trouver des réponses.


Là où les films est à même de casser un peu son rythme de faux reportage, c’est lors des rencontres avec les locaux qui s’avèrent aussi convaincantes que si elles n’étaient pas romancées et jouées. Mais alors quelle est la réelle intention du film ? Voyager dans une culture dure marquée par la guerre, faire un film dans un film qui devient presque un reportage sur un homme en quête d’un passé. Le dispositif employé est surprenant et laisse alors le spectateur à une distance presque journalistique tandis que la caméra est embarquée et le chef opérateur, un personnage à part entière. La séance spéciale porte bien son nom.

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le 17 mai 2019

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