Je pensais vraiment avoir touché le fond avec PRIEST en matière de blockbusters, mais il se trouve toujours un tâcheron lobotomisé pour saloper un peu plus le travail.

On ne voit pas trop où veut en venir Tarsem Singh (The cell, The fall...) en cuisinant un ragout mythologique improbable, et aussi grec que le guacamole. Stylisation? désymbolisation (le minotaure est humain, Hypérion n'est pas un titan, Phèdre est une sybille...) En trop tripatouillant son matériau original, Singh en fait... ben un guacamole indigeste, on n'en aperçoit plus l'essence, ni l'intérêt. La première conclusion tombe dès le début du film: Tu aurais mieux fait de créer ton propre univers Tarsem, là tu énerve juste les gens qui ont un minimum de connaissances mythologiques, et par connaissances, j'entends simplement: qui ont vu TROY (de Petersen, si, si celui avec Brad Pitt) qui d'un coup m'apparait comme un bon film. Mais ce salmis pseudo-héllènique n'est que la goutte d'eau croupie qui fait déborder le marigot. Immortels est avant tout un ènième pudding stérile des restes de l'année qui accumule les références sans rien créer de cohérent. On y retrouve principalement du 300, autant dans l'esthétique (plans copiés-collés) que dans le discours holywoodo-manichéen vomitoire à base de gentils beaux gosses contre les méchants pas propres qu'ont l'air de venir d'un pays un peu trop au sud, du gratin de nouilles, du old boy - une des rares sènes qui fonctionne avec de la violence sans trop de ralentis ni ne montage épileptique- et du guacamole.

Bon, là on arrive au niveau esthétique, et c'est du lourd comme dirait un poète français. Le grec époque Iliade-Odyssée dans le cinéma contemporain ça claque pas mal. Prenons par exemple, hmmm: TROY! Bon, ok, j'arrête. Mais alors là, encore une fois on NE SAIT PAS ce qu'à bien pu vouloir faire Singh, et il ne vaut mieux pas chercher. Les Dieux sont tous jeunes et beaux, épilés et body-buildés, moulés dans des armures stylisées par hanna-barbera (sauf les casques certainement imaginés par un étudiant aux beaux arts de Poitiers pour un spectacle de Régine Chopinot en résidence à La Rochelle. Cf Poséidon et ses gros coquillages d'oreille emballés dans du fil de fer).

Zeus (Luke evans) fout les jetons sévère dès son apparition. Avec sa mini moustache de hipster crypto-gay en retour du gibus, on le prends recta pour le méchant, alors qu'en fait non, c'est le gentil dieu loyaliste. Loyaliste au point de massacrer son fil Arès (ça devait être Arès au vu des silhouettes de glaives phalliques qui ornaient son chapeau rigolo comme une crête de bites) pour avoir aidé les humains. Par contre pas touche à Athéna passqu'elle est super bonne et qu'on tape pas les filles, fussent-elles déesses. D'ailleurs si quelqu'un pouvait m'expliquer cette histoire d'immortels qui peuvent mourir mais en fait non... Il leur faut peut-être quelques jours, comme Jésus... Bref.

Bref, l'esthétique: Le grec d'époque (avant l'invention du syrtaki) s'habille plutôt bien (dans les films). Et là le Tarsem nous vire tout ce qu'il n'avait qu'à copier sur des amphores minoennes et affuble les gentils grecs d'armures vaguement romaines et proprettes. Les méchants... étrangers perverts certainement pédophiles et coprophages sont vêtus de cuirs mal tannés, de casques en barbelés, et de scarifications approximatives. Heureusement, quasiment tout le monde porte un, voire des couvres chefs hilarants qui ont le mérite de sauver le spectateur de la dépression. J'avoue m'en être payé une bonne tranche devant l'oracle coiffée d'un abat-jour à pompons et le casque casse-noisettes d'Hypérion (Mickey Rourke qui dans ce film est...gros). Une débauche de galurins que même Geneviève de Fontenay n'aurait pas osé coiffer pour aller trucider de la miss. Mais le bouquet, le pompon, le fin du fin, la palme revient aux titans. Symbole de force brute et sauvage, imposants et majestueux - On ne rappellera que le Kraken de Ray Harryhausen Dans Le choc des Titans qui devait mesurer 2-3 falaises de Paimpol- Le titan est ici le croisement entre un zoulou de taille moyenne en peinture de guerre et l'anthropophage de cannibal holocaust de taille moyenne. Sans même le langage articulé. Il pousse des grognements et roule des yeux, principalement. L'idée forte du film c'est de retenir des titans dans un cube en les faisant mordre dans une tige à béton. L'humiliation de les faire ressembler à un gros babyfoot les empêchant certainement de s'évader.

Bon, c'est dans l'ensemble agréable de se défouler sur une bouse, mais l'un dans l'autre entre une heure et demie de regret pour les 6 € (au colombier, pas de 3d), d'envie de se faire mal avec ses clefs pour passer le temps et le plaisir de se répandre en injures: allez plutôt revoir TROY
Biotron-Un
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le 10 juil. 2012

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