Les Indestructibles 2
7.2
Les Indestructibles 2

Long-métrage d'animation de Brad Bird (2018)

Critique rédigée en juillet 2018


14 ans... jamais le studio Disney-Pixar n'a attendu aussi longtemps avant de décider de se lancer dans un projet de suite, Les Indestructibles (2004) premier du nom étant l'un des films d'animation les plus populaires du début du XIXème siècle et, à titre personnel, l'un des seuls films de super-héros "super-potables" contenant un vrai fond et des valeurs propres.
Malgré tout, entre la sortie du premier film, qui est, sans être l'un de mes Pixar favoris, une peinture drôle, colorée et riche de la société actuelle, et cette suite tant attendue à l'origine prévue pour 2019, les choses ont bien changé dans le genre super-héroïque ; pratiquement devenu, au fil des années l'un des plus gros vendeurs de places de cinéma américain depuis 2008 avec Iron Man, cette catégorie est devenue très vaste et, avec le temps, très classique car de nouveaux films apparaissent aujourd'hui tous les trois mois ou presque...
Les Indestructibles 2 se démarque du lot.


20ème long-métrage du studio à la lanterne, cette suite est une excellente surprise, une véritable petite bombe placée actuellement dans les salles obscures et dont il est difficile de rester spectateur !
Brad Bird (Mission Impossible: Protocole fantôme, Le Géant de fer, Ratatouille) a su mettre au goût du jour tous les éléments constituant le premier film, à commencer par l'intrigue, prenant place directement après la dernière image du cliffhanger du premier volet, avec le fameux "Démolisseur" ; je craignais que la fin ouverte du premier soit quasi-oubliée dans cette suite mais à ma grande surprise, le film nous replonge directement dans l'univers et en toute cohérence, on y retrouve également un humour ravageur de nouveau ponctué de références bien amenées


(Spider-Man 2 avec la scène du train ou encore la réunion des supers à la fin rappelant la même que Avengers: Infinity War (2018) )


et un antagoniste pour le moins surprenant:


au même titre Syndrome dans le premier opus, l'Hypnotiseur se révèle assez tard et même si j'ai eu l'idée de son identité véritable, on arrive néanmoins à être piégé par ce que le film sous-entend sur la notion d'être un super-héros ou un simple citoyen souhaitant "devenir quelqu'un" par ambition.


Pour la suite de l'histoire, les rôles des personnages seront pratiquement inversés, puisque cette fois-ci, c'est Elastigirl qui va d'abord s'investir dans son rôle de super-héroïne, laissant à Mr. Indestructible, aka Bob, le soin de s'occuper du foyer familial.
Nous avons ici une figure d'ensemble de cet univers singulier qu'est celui des "supers": une représentation de la vie courante, presque ennuyeuse, par le biais de Mr. Indestructible, et une représentation du désir de liberté d'être un personnage hors du commun à travers Elastigirl, en plus d'être un éloge du féminisme et de la place de la femme dans la société de manière sous-entendue. Cette inversion des rôles nous offre un point des vue inédit du couple, mais aussi de Flèche, Violette et Jack-Jack:


ici, on s'intéresse particulièrement à cette dernière avec la difficulté de déclarer sa flamme au garçon qu'elle aime, tandis que le bébé Jack-Jack est remarqué pour ses pouvoirs restés encore inconnus sous les yeux de la famille


Le personnage de Frozone est toujours très drôle, même attachant, mais je trouve qu'il aurait été intéressant, pour la même occasion, d'en faire apprendre plus sur lui ; on a tous bien saisi que c'était un sidekick par excellence, mais il est tellement réduit à ce rôle qu'à force, on a du mal à le prendre au sérieux.
Des personnes en perte d'identité, et souhaitant désespérément s'intégrer en société et vivre normalement, telle est cette famille Parr... c'est ce que cache les super-costumes de nos héros, une vision bien plus sombre de notre société est donc affichée en arrière-plan du récit cadre.
Sur-ce, à l'exception de Lucius, le changement radical des personnages par rapport au film original constitue un point essentiel en ce qui concerne les sentiments.


Concernant l'animation, elle est fluide et agréable, notamment au niveau des décors, ici bien mis en valeurs contrairement au premier film, là ou c'était parfois flou.
Le doublage n'est évidemment plus tout à fait le même: Gérard Lanvin a pris la place de feu Marc Alfos, et Louane, en pleine heure de gloire, remplace Lorie, clairement trop âgée pour ce rôle. La voix douce et attachant de l'actrice révélée dans La Famille Bélier (2014) est très adéquate au personnage de Violette, moins discrète et plus vivante que Lorie (que je n'apprécie pas particulièrement en tant qu'actrice par ailleurs) dans le premier film. Entre la nouveauté, on reconnaîtra que les voix originales Déborah Perret et Amanda Lear ont été maintenues, et ce malgré le temps qui passe...


Les nostalgiques comme moi prendront donc plaisir à suivre cette séquelle qui est à mes yeux la plus réussie avec cette perle qu'est Toy Story 2 (1999). Brad Bird a su réitérer tout ce qui faisait le charme d'un classique de la "nouvelle animation" tout en le remplissant de la substantifique moelle de la suite idéale, dont il puise notamment de son expérience de Mission Impossible, dont, je le rappelle, il a réalisé le 4ème volet. C'est pas tout ; je rappelle aussi que d'ici un an, le 4ème et dernier volet de Toy Story débarquera dans les salles obscures... Nouveau défi résolu pour Pixar après Les Indestructibles 2 ?


Pour l'instant, travail approuvé !

Créée

le 18 déc. 2020

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