Dans de nombreuses interviews lues ça et là, Jean Dujardin a enfin décidé de se servir de sa notoriété pour faire des films singuliers ; il y a eu "Le bruit des glaçons", "The artist", et celui-ci, qui ressuscite les films à sketches qui étaient si nombreux dans les années 60, en Italie en particulier.
Pour faire court, ce film m'a (presque) rendu furieux, ce qui est rare, mais j'ai vu plus de 90 minutes de conneries, de stéréotypes grosses comme des maisons, un humour pas drôle et uniquement centré sur le petit monde des acteurs du film, et, comble d'un film à sketch, une absence totale d'idées, de personnalité, de point de vue, de style, à une exception.
En effet, un seul sketch ose quelque chose de différent, car plus classique, plus terre-à-terre, et en cours de visionnage, je pensais que le segment était réalisé par une femme. Bingo, car il s'agit d'Emmanuelle Bercot, qui réalise la meilleure partie, à savoir la dispute entre Jean Dujardin et Alexandra Lamy à propos de vérités qu'il ne vaut mieux pas déballer, et là, on sent enfin du corps, de la passion (sans doute aussi car le couple du segment est aussi ensemble en ville), de la réalité. Ça doit durer une dizaine de minutes, mais c'est le seul moment qui m'ait sorti de ma torpeur.
Pour le reste, le casting des réalisateurs est dévoilé en fin de film, mais il est IMPOSSIBLE de savoir pendant qu'on regarde le film qui a fait quoi, car ça manque d'une vraie patte ; il suffit de voir, pour faire plus récent, de voir des films à sketches comme "Tokyo !" ou "Triangle" pour voir du style, et pas des multitudes de décors en carton-pâte.
Quant au thème de l'infidélité, je devrais me sentir visé, mais les clichés sont tellement gros, si absurdes, qu'on dirait qu'il est impossible de faire quelque chose d'un peu plus sérieux, comme ce qu'a fait Bercot.
Là, ça sert davantage la soupe à Dujardin (qui est le seul à être buvable dans le film) et à Lellouche (nullissime), parce que les autres acteurs sont pratiquement inexistants (on voit Mathilda May durant 7 secondes ou le pauvre Charles Gérard durant 53 secondes, mais pourquoi ?).
Quant au sketch final, qui se déroule à Las Vegas, alors là, ça n'est pas le thème de l'infidélité, mais la métaphore de la baguette magique qui disparait dans un trou, avec un moment paillard, mais à la conclusion lamentable, comme si les deux réalisateurs ne savaient plus comment finir leur sketch.
Dujardin avait dit qu'il existait un autre sketch réalisé par Jan Kounen, qui a été tourné, mais il aurait été un peu trop "spécial" pour figurer dans ces ensembles de courts-métrages. Peut-être que lui aurait pu débrider cet objet mort, pas drôle (ça ne m'a pas décroché plus de 2 sourires, car le talent de Dujardin reste intact dans ce film; ce qui est étonnant), mais ce truc doit être la chose la plus nulle que j'ai vu au cinéma depuis bien longtemps.