Au sortir de la guerre, des médecins français sont en mission pour la Croix-Rouge en Pologne. Une d'entre eux, Mathilde, va être sollicitée par une nonne d'un couvent voisin, car une bonne soeur est sur le point d'accoucher. La jeune Mathilde se rend alors compte que plusieurs nonnes sont enceintes, après avoir été violées à plusieurs reprises par des soldats soviétiques. Entre Mathilde et les nonnes se tisse alors un lien particulier, car elle est la seule à partager le secret avec elles.
Le film propose une ambiance très austère, et l'on a presque l'impression qu'il est filmé en noir et blanc, entre l'obscurité du couvent et les paysages enneigés ; cette austérité est évidemment renforcée par l'attitude des nonnes et de la mère abbesse, personnage sévère et peu compatissant.
L'histoire globale est assez émouvante et ce lien qu'entretient Mathilde, jeune athée, avec les nonnes est bien abordé par Anne Fontaine, mais il tend parfois vers le convenu, aussi bien au niveau de la forme -même si grâce à ces décors noirs et blancs, ça marche- que dans le fond. Mathilde est trop proche du cliché de la jeune parisienne athée qui veut sauver le monde entier, fille de communistes, un peu rebelle... La mère abbesse est l'archétype de la nonne dure, stricte, exclusive ; on retrouve évidemment la jeune nonne qui rêve de partir du couvent et qui veut "vivre". Le tout dans un couvent où les seuls sons que font les nonnes sont leurs chants religieux ou leurs pleurs. Mais pourtant, encore une fois, ça marche. Un film donc assez poignant, sans pour autant être génial, mais qui mérite un détour. A noter, un excellent Vincent Macaigne.