Jack Clayton s’est mis à la réalisation après avoir œuvré une dizaine d’années comme producteur. Le résultat de ses deux premiers longs métrages donne l’impression qu’il s’est donné le temps de bien saisir le métier avant de s’y lancer puisque la direction dans A room at the top sorti en 1959 et dans The Innocents est à chaque fois impeccable et l’écriture cinématographique déjà très personnelle. Dans les deux cas, Clayton nous introduit dans des intrigues où l’on suit le protagoniste pas à pas dans sa quête. Joe Lampton cherchait une liaison qui le rendrait fortuné et il rencontra l’amour. Miss Giddens désire donner de l’amour à deux enfants orphelins et elle rencontre le diable en personne. Le pouvoir de la gouvernante d’apercevoir les fantômes rôdant autour des enfants nous plonge dans un univers fantastique. La vaste résidence aux allures hantées, habilement éclairée au chandelier, et rempli de sons mystérieux est propre aux films d’horreur. Toutefois, c’est un drame psychologique qui se joue devant nous. Deux petits êtres innocents laissés sans protection aux mains d’adultes violents et pervers. Une femme, trop belle pour être gouvernante selon le garçon, qui veut les sauver en leur donnant l’attention qu’elle n’a probablement elle-même pas eue. Tout cela se tient grâce au talent immense de Deborah Kerr. Une actrice brillante et indéfectiblement connectée à la situation qui peut tout faire passer à l’écran. Même un baiser plein d’amour déposé sur les lèvres d’un enfant emporté par les forces du mal. Troublant vous dite?