Audrey et Manu (Audrey Lamy et Corinne Masiero), des travailleuses sociales investies corps et âme dans leur mission, travaillent à l’Envol, une centre d’accueil de jour pour femmes à la rue. Leur équipe se complète de bénévoles dont Hélène (Noémie Lvovsky), un femme fantaisiste en instance de divorce et de salariées dont Angélique (Déborah Lukumunea).


Presque toutes les bénéficiaires du centre jouent leur propre rôle ce qui donne au film un aspect documentaire et très sincère. Leur journée : prendre une douche, laver le linger, déjeuner, trouver du répit et du réconfort.


Mais les autorités sociales reprochent à Manu et Audrey de trop chouchouter les femmes et de ne trouver pour elles aucune solution d’insertion, l’Envol risque d’être fermé. Dans le même temps, les femmes à la rue sont « délogées » du quartier où elles campent et invitées à rejoindre un centre de nuit situé à 50 km de l’Envol.


Manu et son équipe cherchent coûte que coûte des solutions pour aider ces femmes à retrouver une place dans la société.


Résumé ainsi, cela semble être un film social comme les autres, mais c’est tout autre chose. Filmé avec discrétion et sans ambition cinématographique d’ordre esthétique, « Les invisibles » est davantage un film à messages multiples.


La situation des femmes sans abri est décrite en quelques événements significatifs, vraiment saisissants : le délogement des femmes à 5h du matin par les CRS, les protections mises sur les divers lieux communaux qui pourraient être des aires de repos…


L’implication des travailleuses sociales qui mouillent vraiment leur chemise et portent les femmes à bras le corps est admirable.


Ce qui crève l’écran c’est la justesse du jeu des femmes. L’humour et la fantaisie sont bienvenus et salvateurs, tant l’insécurité et le manque d’espoir plombent leurs existence à reconstruire.


Des questions essentielles restent posées même si le scénariste esquisse des réponses : faut-il vraiment ne pas « chouchouter », « porter à bout de bras » des personnes en extrême difficulté ? Des lieux de répit et rassurants doivent-ils être supprimés s’ils ne sont pas rentables en terme d’insertion ? La logique comptable des technocrates du monde social est-elle compatible avec ce monde de vies brisées ?


Un film à ne pas manquer.


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AnneM
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le 20 janv. 2019

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