Le succès public ne trompe pas ; les gens ont aimé cette histoire, car elle pourrait bien être vraie, a sans doute été vécue par des tas de femmes, et qui donne envie de s'en sortir.
Un centre d'accueil pour femmes doit fermer d'ici trois mois, à la suite d'un arrêté municipal, et les travailleuses sociales qui le composent doivent réinsérer les femmes qui y logent dans la vie active.
Seulement, la plupart ont des situations précaires, parfois de lourds passés, mais c'est avec la rage que ces employés du centre vont tout faire pour les sortir de leur enfer d'ici quelques semaines.


En fait, l'histoire pourrait rappeler ce que fait Ken Loach, à savoir du cinéma à portée sociale, sans jugement politique, où c'est mélangé avec de la comédie. Car toutes les femmes, travailleuses comme celles qui y logent, ont du bagout, l'envie d'en découdre, mais elles n'ont pas forcément les armes pour argumenter devant de futurs entretiens d'embauche.
La particularité est que les travailleuses sociales sont incarnées par des actrices, Noémie Llvosky, Andrey Lamy, Corinne Masiero et Déborah Lukumuena, qu'on avait vue dans Divines. Tandis que ces femmes vivant dans des conditions difficiles jouent en quelque sorte leurs rôles, qui ont pour surnoms des personnalités, comme Brigitte Macron, Lady Di, Vanessa Paradis ou encore Marie-Josée Nat !
Mais celle qui attire le plus l'attention est sans nul doute celle nommée Chantal, une femme de 72 ans sortie de prison, qui veut continuer à travailler, qui a acquis le fait de pouvoir tout réparer, et qui suscite une formidable empathie, ne serait-ce que parce qu'elle veut dire la vérité sur son passé lors des entretiens d'embauche, ce qui consterne les femmes du centre social.


C'est un film qui bouscule, qui révolte, dont on ne voudrait pas qu'il existe en quelque sorte pour des femmes aussi formidables, mais j'ai deux reproches à faire. D'une part, le jeu des actrices dites professionnelles qui dénote trop en termes de calcul et de manque de naturel par rapport aux amatrices, et cette répétition de leur donner constamment des intrigues dont on n'a que faire.
Et d'autre part, si le film est réussi au niveau du fond, la forme est tout simplement repoussante. Alors, faut-il que dans un sujet à fortiori social, donc à connotation péjorative, on fasse obligatoirement de la lumière sous-exposée pour rendre le tout moche ? Je ne demande pas du technicolor, mais au moins qu'il y ait quelque chose de visuel, qui rende grâce et justice à la beauté de toutes ces femmes, filmées platement, sans aucune idée de mise en scène... C'est à désespérer du travail d'un directeur de la photo dans un film français.


Ces deux (gros) griefs mis à part, Les invisibles est un modèle de film social à la française, qui ne lorgne jamais vers le misérabilisme, mais au contraire une certaine forme d'espoir.

Boubakar
7
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le 4 févr. 2020

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Boubakar

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