Avant qu'il ne soit trop tard.

Dans le bus qui le ramène chez lui, un homme de 53 ans assiste au décès d'une personne, sans doute du même âge, qui aurait pu être lui. Ce qui va le mener à une profonde crise existentielle, et se rendre compte que le temps lui est désormais compté et qu'il veut profiter du temps qu'il reste
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Deuxième film d'Elio Petri, juste avant ce chef d'oeuvre qu'est Il maestro di Vigevano, Les jours comptés parle à la fois de l'angoisse de la mort, mais aussi de l'abrutissement au travail qui fait qu'on ne profite pas de sa vie (rappelons qu'à cette époque en Italie, les employés travaillaient six jours sur sept). Assister à un décès va provoquer un déclic chez cet homme, magnifiquement interprété par Salvo Randone, qui va tout arrêter du jour au lendemain, ne plus faire le plombier, et utiliser ses économies pour simplement voyager et qui sait se retrouver.
C'est un homme qui est veuf, avec un fils qui lui quémande de l'argent, mais qui ne s'intéresse pas à lui, et dont la cinquantaine bien passée va réveiller en lui des angoisses. Comme un malaise qu'il va faire va l'emmener chez le docteur faire une batterie d'examens en pensant qu'il va faire une crise cardiaque, alors qu'il a une santé de fer. Ou alors la scène magnifique sur la plage où, en voyant ces jeunes hommes et femmes profiter de leur adolescence, il va se rendre compte qu'il est passé à côté de sa vie. Ce qui va exaspérer ses collègues de travail, qui ne comprennent pas sa dépression.

En voyant ce film, j'ai aussi pensé à Umberto D. ainsi qu'au film suivant de Petri, Il maestro di Vigevano, qui ont en commun le temps qui passe, et ce qu'on perd à être autant investi dans le travail ; et tout ça pour quoi, semble se demander cet homme ?
La dernière partie tient un peu plus du polar avec une histoire d'arnaque, mais tout le film pourrait être résumé avec l'horloge qui avance inexorablement.

C'est terriblement bien mis en scène, avec même un plan dit fantastique où des ouvriers habillés en blanc peignent des passages piétons dans une Rome toute de noir, et aussi des plans très forts sur la jeunesse italienne en 1962, qui est en décalage complet avec la vie de leurs pairs, d'où l'interrogation du personnage joué par Salvo Randone.

Alors, j'admets que ça peut être déprimant, car la mort rôde sans arrêt, mais c'est aussi un un portrait de l'Ouvrier italien (avec un O), qui ne peut pas regarder sur les côtés ni en arrière.
C'est aussi un sujet personnel pour le réalisateur, car son père a été également ouvrier, et dont le travail fut si harassant qu'il a dû s'arrêter car le corps ne suivait plus. Ce qui fait que le portait de cet homme sonne juste, et ça donne un chef d'oeuvre.