Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec The Spring River Flows East (aka The Tears of Yangtze), après les premières minutes du film, j'ai pensé à une histoire d'amour, ensuite à une histoire de guerre pour finir ce n'est ni l'un ni l'autre si ce n'est un contexte : les années avant, pendant et après la guerre sinno-japonaise ainsi qu'une intrigue : un famille qui se retrouve séparée à cause de celle-ci.

L'action se déroule à la fin des années 30 avec deux hommes, deux frères : Zhongliang et Zhongmin, ainsi que leur parents. Dés le début on aperçoit que Zhongliang se démarque, lors d'une célébration il fait un discours pour le soutien des forces de résistances chinoises face à la nouvelle invasion japonaise. Il se marie avec Sufen, une jeune femme dévouée a laquelle il donne un enfant qu'il nomme : Kangsheng (enfant de la résistance). Zhongliang décide de rejoindre un corps médical de l'armée à Shanghai, avant de quitter sa femme il lui promet fidélité. Zhongliang est capturé, cependant il arrive à s'échapper et se réfugie à Chungking loin de la guerre et de la présence japonaise. Zhongliang est alors séparé de sa famille.

A partir de là, une série de contraste apparait. D'un coté les parents de Zhongliang, ainsi que Sufen et Kangsheng vivants sous l'occupation japonaise et Zhongliang vivant à des milliers de kilomètres de là, cherchant un emploi et à gagner de l'argent. The Spring River Flows East est d'une grande violence notamment sur les conditions de vie sous l'occupation japonaise, le point de vue n'est certes pas objectif mais il révèle le ressenti des chinois vis à vis de cette occupation. Les villageois des zones occupées doivent travailler dans des conditions d'esclavages autant les vieillards que les enfants, on y voit le père de Zhongliang mourir peu à peu avant que celui-ci soit exécuté sommairement devant son petit-fils. Zhongmin, frère de Zhongliang décide de partir, de s'échapper rejoindre les différentes poches de résistances. Cependant Sufen, son fils et sa belle-mère sont envoyés à Shanghai alors entièrement sous l'occupation nippone. Les conditions de vie ne s'améliorent pas à Shanghai. Ainsi on y voit une mère et son fils ainsi qu'une grand-mère essayant de survivre au quotidien.

Pendant ce temps Zhongliang s'enrichit, mène une vie de plus en plus luxueuse et fini dans les hautes sphères économiques. Celui-ci oubliant totalement sa famille, fréquente d'autres femmes et gagne en influence grâce à celles-ci. Cai Chusheng et Zheng Junli opposent le luxe dans lequel vie le mari à la pauvreté dans laquelle se retrouve sa femme. En dehors de la guerre, ces scènes, ces contrastes sont d'autants plus violents que l'opposition est grande. Malgré les souvenirs de sa femme, Zhongliang semble vivre sa nouvelle vie sans remords, à aucun moment celui-ci essaye d'avoir des nouvelles de ses parents ou même de sa femme, il semble vivre alors uniquement pour la gloire et l'enrichissement.

Cependant Zhongliang semble être un personnage prisonnier, à aucun moment les réalisateurs donnent l'impression que cet homme fut libre de ses choix, celui-ci semble suivre un courant, semble obéir à une force qu'il ne comprend pas, celle qui fait que des hommes deviennent puissants mais qui perdent de manière inéluctable leur liberté. Cet homme une fois riche fait tout pour oublier son ancienne situation, lorsqu'il reçoit une lettre de sa femme après trois années de séparation, il s'empresse de la déchirer par peur que sa nouvelle compagne découvre sa situation.
Ce film serait-il une critique du capitalisme ? L'argent qui fait oublier à un homme son éducation ? L'argent qui le prive de liberté ? L'environnement communiste n'est pas à omettre tout comme l'environnement capitaliste n'est pas à omettre dans nos films occidentaux, cependant je ne pense pas que cela soit un film uniquement politique, juste un reflet d'une réalité : l'aisance des uns et la misère des autres. Ainsi on y aperçoit Kangsheng distribuer des journaux dans la rue et se faire renverser à cause d'une voiture alors que Zhongliang, son père est assis lui même dans une grosse voiture. On y voit également la mère de Zhongliang manger les quelques morceaux de viandes restant sur les os des restes d'un repas organisé par son propre fils.

Malgré la dureté de certaines scènes, un espoir subsiste à travers le frère de Zhongliang, celui-ci étant parti rejoindre la guérilla, après la fin de la guerre, se réfugie dans un village ou il se marie et devient professeur. Celui-ci mène alors une vie familiale heureuse, même si il ne devient pas aussi riche que son frère, il arrive à s'acheter une vache ainsi que quelque poules, il mène alors une vie paisible. Malheureusement ce n'est pas le cas pour Sufen, celle-ci ayant pour seul et unique espoir le retour de son mari découvre par une fracture bouleversante dans une scène finale que ce retour signe à contrario son plus grand désespoir. Zhongliang semble alors loin même si pour la première fois depuis 10 ans il est proche de sa famille, une famille qu'il renie.

The Spring River Flows East mérite d'être vu, le scénario est extrêmement riche et les scènes sont magnifiques. On y aperçoit les douleurs des hommes et des femmes durant la guerre mais aussi à l'intérieur d'un couple, d'une famille : les séparations, les retrouvailles mais aussi l'entraide et l'abandon. Tout le poids de l'existence se découvre alors à travers ces mots :

"How much sorrow can one man have to bear?
As much as a river of spring water flowing east."
Florens
9
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le 12 oct. 2013

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