Dire « ce film a changé ma vie », ça peut sembler banal, un brin exagéré…Mais dans mon cas, le premier visionnage de City Lights fut la cause première d’une véritable révolution. Celle-ci eu lieu il y a environ un an…


Avant la découverte de City Lights et de Charlie Chaplin, Je ne connaissais rien ou pas grand-chose au cinéma muet, mes goûts cinématographiques étaient assez limités, j’étais assez solitaire et casanière.


Depuis que j’ai découvert ce film et cet individu, j’ai eu le bonheur de visionner 99% de sa filmographie, j’ai commencé à m’intéresser aux films de Max Linder, Douglas Fairbanks, Buster Keaton…et me suis inscrite finalement sur SC pour étendre encore plus ma culture cinématographique.
Je me suis ouverte au monde, j’ai fait des rencontres d’autres admirateurs de Chaplin et je n’ai jamais autant voyagé (surtout pour aller voir ces derniers).


Comment un simple film a-t-il pu provoquer une réaction en chaîne telle que ma vie entière fut intégralement bouleversée ?
Tout d’abord, il convient de modifier immédiatement un terme de cette interrogation. Les Lumières de la Ville n’est pas un simple film. C’est un chef d’œuvre. C’est même LE chef d’œuvre.


Le premier visionnage fut un moment mémorable. Dès les premières minutes, j’étais déjà littéralement envoûtée par ce fameux personnage, ce Vagabond maladroit et innocent, au cœur tendre, qui voudrait par-dessus tout être accepté dans ce monde hostile qui n’est pas fait pour lui. Il voudrait être aimé, il a systématiquement le cœur brisé…
Un personnage très attachant donc et par toutes ses contradictions, très drôle.


L’histoire est une fable magnifique dont le thème essentiel est que la vraie richesse est celle du cœur.


Charlot va tomber amoureux d’une ravissante jeune femme aveugle. Il se rend compte qu’elle s’imagine qu’il est un homme fortuné, le prince charmant de ses rêves. Par peur de la décevoir et d’être rejeté, il va tout faire pour cacher sa véritable condition, tant bien que mal…N’écoutant que son cœur, il voudra se procurer de l’argent pour la sortir de la misère…et lui payer de quoi se faire opérer pour retrouver la vue… Mais comment va-t-elle réagir en découvrant que son prince charmant…n’en a que l’âme et pas l’apparence ?


Dès le début du film, on est face à un des nombreux moments très drôles dont Chaplin a le secret. Avec l’inauguration solennelle d’un monument officiel que notre Vagabond a trouvé confortable pour passer la nuit, ne se doutant pas une seule seconde de tenir une nouvelle fois son rôle d’éternel intrus, de gêneur venant perturber l’ordre public et devant prendre la poudre d’escampette dès son réveil.


S’en suit la magnifique scène de la rencontre entre Charlot et la fleuriste aveugle, son attendrissant et drôle coup de foudre, la méprise de la jeune fille sur son identité.
C’est dès ce moment-là que j’ai su que j’avais affaire à un chef d’œuvre, un vrai, alliant un nombre incalculable de qualités, la perfection a l’état pur, quasi hypnotique.


Combinez une forte dose de pantomime de génie + un soupçon de provocation tout en finesse + un véritable don pour sublimer les émotions des personnages et de toucher les spectateurs en plein cœur + une part non négligeable de musique composée avec brio + quelques ingrédients indescriptibles =et vous obtenez la fameuse recette imparable « chaplinienne », jamais égalée…


Toutes les scènes étaient mémorables, si bien qu’à peine achevées, j’avais envie de nommer chacune comme étant la meilleure du film : C’était sûr, la scène d’ouverture était la meilleure…Ah non, finalement c’était la rencontre du Vagabond et de la fleuriste aveugle. Oh et puis non ! Ca ne peut être que cet excellent sauvetage de la tentative du suicide du millionnaire ! Et mince, finalement, c’est forcément cet incroyable combat de boxe. …


Le film, se révélant vite trop court à mes yeux, sortit son arme fatale, sa scène la plus célèbre, la plus forte en émotion : la scène finale…
L’intensité de cette scène fut si forte, l’interprétation si génialissime, la réalisation si magique, la musique si émouvante, que je terminai le film sous le choc, hagard, me demandant ce que j’ai vu au juste…


Avec le recul je sais que j’ai vu le plus grand chef d’œuvre de l’histoire du cinéma, et à bien des égards le meilleur film de Charlie Chaplin. (En tout cas, pour moi, ça ne fait aucun doute !)


Je le reverrai certainement un millier de fois au cours de ma vie, d’une part pour la valeur sentimentale que je lui donne mais aussi car, et il faut le savoir, on ne peut se lasser des films de Chaplin ! City Lights comme les autres. On ne peut sortir d’un constant éblouissement…


S’il y a un film que je conseillerai à n’importe qui de voir, sans distinction de goûts ni d’âge, ce serait celui-ci. Vu tout ce qu’il m’a apporté, je ne peux que souhaiter à tout le monde de le découvrir aussi.
Malgré la sensibilité différente que nous pouvons tous avoir, Les Lumières de la Ville est un film qui doit être vu…En fait, tous les longs métrages de Chaplin doivent être vus ! Je les considère carrément de salut public ! … Et si tout comme moi, vous en sortez hébétés, n’hésitez pas à foncer du côté des courts et moyens métrages …

Miss Moustache

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