Continuant d'œuvrer dans un cinéma anticonformiste mais finalement très balisé, Olivier Marchal délivre un quatrième long-métrage bien plus intense et réussi que MR73 mais également encore très imparfait. Autour d'une mise en scène clinique, millimétrée, presque christique, le réalisateur français n'apprend malheureusement pas de ses erreurs et continue de proposer quelques soubresauts de ringardise avec une certaine vulgarisation du cinéma du genre qui ne passe pas inaperçue.


Il y a du Coppola dans Les Lyonnais, du Scorsese, du Mann, du Woo. Il y a aussi du Marchal tout craché avec ses gueules cassées, ses dialogues surréalistes, cet amour indélébile pour le polar crépusculaire. Certes obligé de raccourcir sa bobine par peur d'ennuyer le spectateur, Marchal va à l'encontre des personnages qu'il écrit et affectionne : il manque de burnes. Là où il aurait pu imposer une véritable fresque dense et maîtrisée à faire rougir Coppola, il hache son récit, accélère certains pans, démocratise sa mise en scène pour servir parfois des passages tellement clippesques qu'on les croirait pensés comme un trailer ricain. Il manque une heure aux Lyonnais (minimum), une heure pour laisser respirer l'intrigue, s'attacher aux personnages, construire avec minutie ce passé virulent brillamment filmé mais maladroitement expédié durant toute la durée du film.


On rage de découvrir que la version rajeunie du terrifiant Gérard Lanvin (toujours aussi impeccable) est un angélique gamin qui serre les fesses à chaque prise, on souffle de ne jamais profiter des relations pourtant intimes entre les protagonistes, on s'exaspère de voir encore à l'écran des débilités sans nom comme cette pluie apparaissant comme par magie pour un enterrement déchirant (un gimmick que le réalisateur doit perdre, entre autres). Drame sur fond de polar aux thématiques universelles certes triviales mais néanmoins équivoques, Les Lyonnais reste un bon divertissement auquel il manque un rythme encadré, une audace, un approfondissement théâtral nécessaire pour en faire une œuvre concrètement marquante.

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le 25 janv. 2021

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