C'est drôle. Ma dernière critique sur le film “Ad Astra” reprenait dans sa forme la narration de l'introduction du film “La Haine“. Je pourrais m’adonner de nouveau à cet exercice de style pour ”Les Misérables”, mais je déteste me répéter, alors... Je sors tout juste de la salle de cinéma parisienne qui m'a acceuilli. J'ai pu visionner le film gratuitement grâce à une compatriote en solo qui m'a fait profiter de sa carte duo. Merci Madame. Soyons solidaires. Puis, il m'a fallu choisir un siège, assez loin de ces deux jeunes de banlieue, lesquels auraient pu me gâcher le film en cas de mauvaise conduite... Ce film sur nos quartiers n'avait pas encore commencé qu'un premier stéréotype furtif avait fait irruption dans mon esprit. Je n'étais pas fier, moi, le presque-quarantenaire, mature, qui contemplera 105 minutes durant les mésaventures de mes semblables de part et d'autres des barricades. Et puis, ce sera finalement un couple bien sous tout rapport apparent qui me gâchera le film avec ses pop-corn. Gaché, vraiment? Non, je suis rentré dans le film aussi vite qu’un coup de gachette, et j’y suis resté. C’est ça le cinéma. Certes, le jeu n’est pas toujours juste, mais ici ce qui prime sur le jeu, c’est l’enjeu. Si certaines situations paraissent assez invraisemblables, aucune paresse dans les émotions... Beaucoup de peur pour les protagonistes auxquels on s’identifiera sans trop de diffcultès puisqu’après tout, c’est bien notre pays. A quelques kilomètres de notre chère capitale bobo, on a du mal à croire qu'il s'agisse d'une de nos banlieues. C'est vraiment comme ça la cité des Bosquets? Peut-être, parce qu’après tout, on imagine sans peine les débordements de violences qui peuvent y surgir lorsqu’à Paris des scènes de bataille finalement assez semblables se produisent tous les week-ends depuis maintenant 1 an. Dire que j’y ai grandi non loin, dans ce même 9-3, et que je ne connais rien de ce quotidien. A défaut de pouvoir juger de la crédibilité de ce que l’on nous montre, j’ai fini par l’accepter, parce que ce film a un message à faire passer. Ces Misérables se veulent les héritiers de "La Haine". On y voit furtivement tantôt un Vincent Cassel à la TV, tantôt un graffiti subliminal. Et la toute scène finale, nous ramène directement à celle d'introduction de “La Haine”. Ce serait presque une prequelle, en fait, tant on pourrait les connecter. Mais l'important, ce n'est pas que la chute. Ces Misérables sont eux aussi dotés d'une introduction puissante, l’unité de facade du pays qui nous a tous enivrés un soir du 15 juillet 2018. Des bleus blancs et noirs triomphent dans le sport quand d'autres bleus se frottent de but en blanc à d’autres noirs. On n'ose quand même pas croire qu'un jour il y aura des morts. On est en France quand même... Un état fort, non? Non. Ces zones en sale état ou d’autres institutions font la loi nous exhibent leur galère sans nulle métaphore. Les Javert tapent la causette à des Valjean en repentance avant d’être gavés des cailloux des Gaveroches. Haine et souffrance, on est bien en France. Mais on ne va pas tomber par terre, si ?


G.

Gueratomik
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le 24 nov. 2019

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Guera Tomik

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