Ma cité a craqué

Si la Haine, malgré tout ce qu'on a pu dire de mal de Kassovitz ou sur sa légitimité, reste pour moi un film majeur du cinéma français, je n'arrive pas à en dire autant des Misérables de Ladj Ly, qui nous montre pourtant parfaitement que 25 ans après tout ne va pas mieux, loin de là.

Peut-être est-ce du au fait qu'après tant d'années à assister de loin aux problèmes d'inégalités, de violences et d'enclavement social et culturel subi par ces abandonnés de la République, au final il ne m'a pas appris grand chose, là où la Haine avait eu effet de grosse claque pour le petit ado de banlieue pas chaude que j'étais.

Mais sinon que c'est très bien filmé, très bien interprété, et forcément plongé dans le réel. Ladj Ly frappe juste et fort. A aucun instant il ne cherchera à prendre trop de hauteur, on reste collé au bitume, et le final qui est la partie qui m'a le moins emballé, contribuera à rétrécir de plus en plus (trop ?) cette vision. Il manque peut-être au film une reflexion plus poussée sur les tenants et aboutissements de cette situation, mais là il faudrait surement inviter David Simon en France et rallonger de 50 heures le métrage.

Les misérables est un film témoin parfait. Rien à redire là dessus, mais ce réalisme cuisant, ce constat d'échec total, ce verrou sans issue, laisse si peu de place à l'espoir, qu'il m'empêche au final de l'apprécier complétement. Nul place ici pour l'empathie, les symboles, l’esthétisme ou les grandes idées. Mais la faute au réel, pas au réal.