Quand un film est un succès public, critique, et qu'il ramasse une tonne de prix, dont quatre César, ça rend souvent suspect. Mais force est de constater que Les misérables mérite mille fois son accessit, car c'est vraiment formidable.
Le film est du point de vue d'un nouvel arrivant au commissariat de Montfermeil, qui rentre dans la brigade anti-criminalité pour rejoindre deux autres personnes qui essaient, je dis bien, essaient de maintenir l'ordre dans un quartier au bord de l'implosion. Pour sa première journée, il va devoir faire équipe avec ces deux autres personnes, dont l'un qui agit comme un caïd, faire face au vol d'un lionceau issu d'un cirque, et enfin, une bavure policière à base de tir de LBD sur un enfant qui va sérieusement le blesser au visage. Problème, cet acte a été filmé au drone, et va être la source de graves troubles.


Je pense que ce premier film de Ladj Ly doit avoir des résonances biographiques, car il est également issu de ce fameux quartier des Bosquets, à Montfermeil. La violence, il a dû la connaitre du côté de la police et des jeunes, et c'est ce qu'il retranscrit avec force dans Les misérables, où plus d'une fois, la tension se ressent, que ça va péter malgré les conciliations diverses, où les policiers ont des indics, des médiateurs pour maintenir l'ordre. Mais on sent la colère poindre du côté des jeunes, et tel une cocotte minute, ça bout, jusqu'aux 20 dernières minutes où j'ai à peine dû respirer, et d'ailleurs dont la tension m'a rappelé Jusqu'à la garde.
Mais cela n'empêche pas malgré tout d'être soigné au niveau de la mise en scène, avec cette très belle idée qui est de montrer en introduction la célébration de la victoire en Coupe du Monde en Juillet 2018, où on a un moment d'union, qui va être le contraire de ce qui va se passer durant tout le reste de l'histoire. Tout comme les scènes au drone qui rappellent inévitablement La haine notamment les plans aériens qui survolent les immeubles. On pense aussi à des films de Spike Lee, comme Do the right thing ou Summer of Sam dans le sens où la chaleur y est suffocante, on voit également des enfants jouer dehors dans des piscines gonflables : ça n'est sans doute pas pour rien si le réalisateur a été le parrain de Ladj Ly lors des Oscars 2020.


C'est sans doute parce que le film est tiré (partiellement ou non) du vécu de Ladj Ly qu'on croit vraiment à ces échauffourées, et il n'en a pas oublié d'être un cinéaste, avec un véritable point de vue. Tout cela fait que je suis très curieux de voir la suite de sa carrière, car il a de l'or dans les mains !

Boubakar
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le 4 oct. 2020

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