"De la merde, vous êtes de la merde dans un bas de soie !" Prononcée pour Talleyrand, cette phrase sied bien aux Misérables de Tom Hooper. Misérable, tout ou presque l'est. Le jeu de mot est facile, mais tout autant que le film.


Misérable tout d'abord par sa brièveté.Tout s'enchaîne avec une telle rapidité, écoeurante. Comment a-t-on pu réduire l'une des plus grandes épopées littéraires qui soit à 2h40 de film !? Oh mais il faut plaire à ces messieurs du public qui sont tel la bête de Baudelaire dans Le Chien et le Flacon (Le Spleen de Paris). Et cela passe par d'immenses sacrifices. Dans pans entiers de l'oeuvre hugolienne sont tous simplement coupés, supprimés, anéantis (où est passée la vie au couvent ? et le passage en prison de Thénardier ? et la dette qu'à Marius vis-à-vis de Thénardier, toujours lui ?) ; si ce n'étais que cela il faut qu'en plus des personnages disparaissent (pour ne parler que de Thénardier (décidément les problèmes vont toujours avec lui), où se trouve sa fille, Azelma ?), quand ce n'est pas leur nom qui est voué aux limbes. Certes on ne peut adapter une oeuvre aussi dense sur scène, cela est donc excusable pour la comédie musicale. Mais enfin lorsqu'il s'agit d'un film cette contrainte n'existe plus ! Ou du moins pas autant. Tout cela mène évidemment à une perte de sens de l'histoire et surtout des idéaux qui sont ceux du roman originel. Ah mais non attendez ! je me trompe, il y a ce choeur final qui vient pousser la chansonnette pour nous rappeler que le film est une adaptation de... de quoi déjà ? Ah oui ! Des Misérables de Victor Hugo. C'est une véritable trahison, et l'oeuvre en est bafouée, torturée, et même violée.


Et que dire de l'esthétique ? c'est le Paris londonien plus que parisien du XIXe siècle sauce Hollywood. Que dire des mouvements de caméra ? Que dire des acteurs qui se sentent être autant leur personnage que vous et moi nous nous sentons être grand-duc de Gerolstein ? La recette est simple : prenez tout ce qui ressemble le moins personnages du roman (notamment certains qui meurs de faim depuis des années mais qui sont aussi bien bâtis que quiconque mangeant à sa faim), et faites les jouer des choses qui n'y sont pas écrites. Tout de même, je me dois de reconnaître le talent de Anne Hathaway et d'Helena Bonham Carter.


S'il y a bien un point positif, un seul, c'est la grandiose, la majestueuse, l'épique musique de Schönberg. Digne, elle l'est du roman de Hugo et des plus grands chefs-d'oeuvre de la comédie musicale. Elle est sublime, si sublime qu'elle emporte celui qui l'écoute dans un monde, une époque de passions et de valeurs héroïques. On entre chez Hugo avec elle, alors que l'on prend une autre route avec ce qui est montré à l'écran.


Si ce film n'étais pas une adaptation des Misérables, alors oui, oui je dirais oui, j'adhérerais. Mais le malheur est qu'il en soit une. Et il a failli. Certes il y a des séquences qui sont sublimes, mais cela n'excuse pas tout. Au final, le film nous laisse un goût amer de résumé pour lycéen qui n'a pas lu le roman avant son contrôle du lendemain. Et encore, les résumés sont plus fournis.

Ludwig1929
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le 13 mars 2016

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Ludwig1929

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