Les Mondes de Ralph
6.7
Les Mondes de Ralph

Long-métrage d'animation de Rich Moore (2012)

Il semble que peu à peu, les studios Disney veulent confier la réalisation de dessins animés traditionnels aux seuls studios Ghibli, une de leurs filiales depuis quelques années. Cela serait satisfaisant si les dessins animés Ghibli arrivaient dans nos cinémas au même rythme que ceux de Disney. Il ne s’agit pas de nostalgie, juste de l’envie de voir subsister une forme de cinéma qui mérite de conserver sa place dans le cœur des têtes blondes passées, présentes et à venir. C’est dans ce contexte que Ralph déboule tel un rouleau compresseur de synthèse, héros de jeu vidéo sympathique avec au bout de chaque bras un poing gros comme un camion. Peu satisfait de sa condition de « méchant » démolisseur, il aspire à des cieux plus cléments et va, pour se faire, se balader de jeu en jeu à la recherche d’un héroïsme qui lui manque.

Comme de coutume chez Disney, la précision et la profusion de détails sont plus incroyables à chaque film, en haute définition les couleurs deviennent presque aveuglantes et donnent peu à peu une légère sensation de trois dimensions. L’animation est toujours plus fluide et n’a rien à envier au dessin animé traditionnel et bientôt au film, elle permet des prouesses impossibles dans le cinéma réel. Les différents univers qu’explore Ralph sont rendus avec toute la crédibilité nécessaire et nous embarquent pour un périple haut en couleurs et en tempo qui trouve son point d’orgue à Sugar Land qui, comme son nom l’indique, est un rêve de jeu vidéo sucré et de douceurs pour enfants.

C’est peut-être par ceux qui ont passé toute leur adolescence sur leur Mega-Drive ou leur N64 que ce film sera le plus apprécié, les références au monde du jeu vidéo sont foison et permettent des rebonds humoristiques permanents, jusqu’à cette excellente réunion des « méchants anonymes » où l’on retrouve les plus connus des boss de fin de niveau. La première partie du film se consacre presque uniquement à donner vie à nos jeux vidéo préférés et à leurs personnages, c’est plutôt réussi, bourré d’imagination et les trouvailles sont très nombreuses pour rendre cette idée réaliste à nos yeux de grands enfants.

Cependant, on s’attache finalement peu à Ralph, dont la quête de notoriété apparaît assez vaine et sera une nouvelle fois auréolée d’une morale propre à l’univers Disney, le personnage est sans aspérités et ses colères à répétition laissent un peu indifférent car elles ne sont après tout que l’apanage d’un méchant qui se respecte. Le véritable méchant du film, lui, est presque totalement absent et ne se dévoile que dans les dernières minutes, on l’oublie sitôt découvert. Le personnage qui marque le plus, la révélation, c’est la charmante Vanellope Von Schweetz, petite fille espiègle, taquine et carrément « kroooo » mignonne. Petit personnage plein de bugs décidé à devenir normal, elle est têtue comme pas deux, déterminée et sûre d’elle. On nous épargne pour une fois tout le côté mièvre et cruche dont Disney habille encore un peu (mais moins qu’avant) ses personnages féminins, on s’attache à elle sans même y penser, on fond en un dixième de seconde.

Tout ça n’empêche pas le film de souffrir d’une baisse de régime en son milieu (le côté découverte et curiosité étant passé), mais il garde quand même au final un rythme généreux, fait preuve d’une créativité certaine, à ravir les yeux et les oreilles. En revanche ceux qui, avec les premières images, espéraient un film « communiste » sur les bords façon : « je veux sortir de ma condition et avoir moi aussi ma part de gâteau » en seront pour leurs frais. Les réalisateurs jettent en effet un regard condescendant et assez méprisant sur les plus mal lotis et les « anormaux », la morale assez nauséabonde qui s’en dégage laissant penser qu’avoir un appartement, faire la fête, tout ça est très surestimé et que finalement, il faut être heureux du peu qu’on a, sans chercher à avoir plus, parce-que l’envie c’est un pêché messieurs dames ! Morale finalement conforme à l’idéologie Disney et comme toujours assez politique. Ralph fini le film comme il l’a commencé, tout en bas et les pieds dans la boue, mais cette fois il en est satisfait voir ravi, du moins on le lui fait croire. Dernier détail sordide, lorsque ceux « d’en haut » lui font la charité en lui apportant un morceau de gâteau. Les Mondes De Ralph est visuellement magnifique et distrayant, mais véhicule une morale éminemment contestable.
Jambalaya
6
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le 29 mars 2013

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Jambalaya

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