Les monstres portent si bien leur titre, les deux comédiens portent littéralement tout le film sur les épaules. Par leur stature et leur capacité caméléone à incarner une fabuleuse galerie de connards, du machisme bête au cynisme méchant, Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi mènent leur entreprise à la perfection. Ils sont tout simplement bluffants d'aisance, irrésistibles. En dehors du dernier scketch, très noir, très amer, presque tragique (pourquoi presque?), les deux colosses font deux clowns d'une cruauté ahurissante.

Ils assistent ici un texte, un scénario, des dialogues d'une puissance hors du commun. L'humour y est très corrosif. La société humaine, et surtout mâle il faut bien le reconnaître, en prend pour son grade, rabaissée à ses plus vils penchants : égocentrisme, lacheté, corruption, ineptie, bêtise. L'armée de scénaristes dans les rangs desquels on retrouve de sacrés loulous (permettez l'expression : Scola, Petri, Risi, Scarpelli, Maccari et Incrocci), les fines lames de la comédien italienne, s'en donne à coeur joie.
L'amalgame entre la jubilation des acteurs à cabotiner, à caricaturer, à caractériser à outrance ces vilains monstres et la liesse, l'empressement des scénaristes à mettre en bouche des dialogues savoureux et piquants, donne un portrait passionnant de la masculinité des années 60 d'abord mais sûrement universelle et intemporelle à y regarder de plus près, un grand bol d'air frais, un coup de poing magnifique, une satire sociale d'une rigueur extraordinaire, que dis-je, sire, une révolution!
Portrait moral ou tableau social, peu importe, ce film marque son époque et le cinéma, une telle maitrise de l'écrit, du jeu des acteurs ne laisse pas de m'ébaubir, merde! Quelle hargne, quel enthousiasme, quelle beauté, quel comique, quelle portée!

Stupéfiant! J'adule!
Carnaval!
Alligator
9
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le 1 mars 2013

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Alligator

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