Un autre de ces films qui abordent les déboires de couple sous un angle résolument adulte, et nous épargnent les intrigues manichéennes, immature et aseptisées, où tout est prévisible dès la première engueulade. Alors ça tranche, ça fait très mal, les dialogues voient juste et percent les égos, et ça ne finit pas très bien. Un final que certains n'ont pas pu s'empêcher de surpolitiser, comme d'habitude en France, où on aime tellement attribuer des propos qu'ils n'ont pas tenus à des auteurs, et intenter des procès d'intention à tout va (il paraît même qu'Avatar c'est une métaphore sur la guerre en Irak, voyez vous ça).

Comme d'autres avant lui les Noces Rebelles déchire le voile con-con de ces espèces de mythes universels que sont l'amour éternel, l'âme soeur, le mariage, et autres fantasmes romantiques dont nous sommes nourris par perfusions depuis notre naissance, en particulier par Hollywood et ses franchisés. Non pas que ces choses n'existent pas, mais elles sont beaucoup plus complexes, instables et volatiles que ce que nous survendent les comédies romantiques, qui n'ont soit dit en passant pas d'autre but que de rassurer les gens seuls quant à l'inéluctabilité de la future rencontre rêvée, histoire qu'ils ne se se fassent pas tout de suite sauter le caisson.

Les Noces Rebelles c'est exactement ça : une rencontre pliée en trois ou quatre plans, un premier baiser dont on ne verra rien. Mendes et son scénariste s'intéressent à ce que l'on ne nous montre que très peu d'habitude : ce qui se passe après le générique de fin, quand monsieur et madame Parfaits se sont trouvés dans l'histoire d'amour bénie des dieux. C'est toujours un grand bonheur de voir une volonté de "réalisme" écorcher la fiction bien polie (au sens polir et non politesse), surtout au gré de scènes qui disent tellement avec des mots assez brillants. Pas étonnant que les univers de Mendes et d'Alan Ball se ressemblent. Winslet et Di Caprio sont formidables, vraiment, et même le jeune Léo et sa bouille qui restera a jamais celle d'un gamin - même quand il aura 70 balais - parviennent à donner vie à ce personnage assez brutalement malmené. On ne peut pas dire que l'ensemble soit très joyeux et que la conclusion donne une vision très optimiste des relations humaines (globalement intenables). Mais les Noces Rebelles est un grand et beau film from Hollywood, que je range aux côtés d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind (Kate WInslet, encore) pour sa vision sans fard et sans crétinerie de la difficulté d'aimer.

Joli score de Thomas Newman au passage, même si un poil fénéant.
Prodigy
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le 7 juin 2010

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Prodigy

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