Enfin !

Dani, une jeune amérindienne, se réveille après un accident dans un hôpital désaffecté où on lui apprend qu’elle est une mutante et qu’elle doit rester ici en attendant de découvrir son pouvoir et de pouvoir le contrôler.

JE N’AI PAS EU PEUR PENDANT TOUTE LA DUREE DU FILM (et je me considère comme une fille plus nerveuse). Pas un jumpscare, ni une tension électrique, rien… dès qu’il y avait une montée de tension je me disais « on croise les doigts pour qu’ils me fassent hurler » mais QUE DALLE ! Et quand on sait qu’il y a probablement eu des reshoots, on se demande sincèrement si le réalisateur a vraiment donné toute la terreur qu’il comptait donner à son film, comme il le prétend…
Il faut dire, aussi, que le projet a connu son gros lot de chaos. Josh Boone, le réal’, faisait des pieds et des mains depuis déjà quelques années pour convaincre un producteur de miser sur son projet : faire un film d’horreur et de super-héros avec la bande des nouveaux mutants. Simon Kinsberg, le papa des X-Men chez Fox, a fini par y adhérer au même moment où il avait enfin la possibilité de réaliser, de son côté, un X-Men. Tourné avant Dark Phoenix, remonté, reshooté, retardé pour que Dark Phoenix passe avant, remonté et probablement re-retardé à cause de Deadpool 2, puis retardé à cause du rachat de la Fox par Disney, remonté avant de sortir ENFIN, ce film a hérité d’une belle réputation de film maudit.
L’est-il vraiment ?
Non, il y a à boire et à manger dedans, mais dans l’ensemble, pas de quoi regretter l’achat de son ticket.
Le problème vient qu’il sent le Dark Phoenix à plein nez. Si vous étiez allés voir le film à sa sortie (comme moi), vous vous souvenez probablement de l’ambiance sombre (photographie, bonjour !) avec un scénario pas terrible, des acteurs plats, des effets spéciaux pas terribles (le besoin de compter ses sous se sent dans les deux productions), une mise en scène douteuse (Kinsberg est un producteur avant d’être un scénariste ou encore un réalisateur) et la sensation que tout le monde n’en a rien à faire des événements, surtout les protagonistes. Qu’avait-il de positif à garder ? Et bien les scènes où les mutants pouvaient exprimer leurs pouvoirs, qui apportaient une certaine classe et grandeur à ces derniers (bien qu’effectivement, je pense que la plupart restaient à un stade sous-estimé). A cela s’ajoutent deux ou trois traitements d’idées, par-ci, par-là, qui faisaient merveille. MAIS, les reshoots et le contexte particulier que traversait Fox se sont faits sentir (notamment parce que le troisième acte a dû être entièrement réécrit et tourné et ça SE SENTAIT).
C’est pour ça que j’ai autant de mal à croire que les reshoots (qui soit-disant n’auraient en fait pas eu lieu) et les remontages n’ont pas impacté le film. Rien que la durée, 1h30 ! On sent qu’ils ont coupé certains trucs parce que l’enchainement de certaines scènes est étrange (genre Dani débarque, découvre comment fonctionne l’hôpital, rencontre Rahne et après, ça y est, elles flirtent jusqu’au baiser ! 24h se sont passés à tout péter !). Une demi-heure aurait été nécessaire, peut-être pas pour continuer à faire de l’exposition mais pour combler certains trous… montrer plus de moments effrayants ou développer un peu plus leurs pouvoirs ! (Je viens de découvrir en faisant des recherches que le prêtre vers qui Rahne s’est tournée lorsqu’elle a découvert ses pouvoirs… est son père ! Tu parles d’une révélation à faire, une fois le film fini, pour ceux qui découvraient le personnage !)
Parce que, ça aussi, c’est aussi étrange que dans Dark Phoenix ! La plupart sont contraints par quoi d’utiliser leurs pouvoirs pour s’enfuir ? Et puis comment Dani peut-elle avoir le pouvoir le plus « puissant, effrayant et donc dangereux » à côté d’une nana qui peut créer magiquement des armes avec son corps et se téléporter d’un monde qu’elle a elle-même inventé ? Ou à côté d’un gars qui crame à la température du SOLEIL ? (Oh, et puis, si quelqu’un pouvait m’expliquer la différence entre le pouvoir de Sam et celui de Roberto, parce que les deux se ressemblent BEAUCOUP)
Pareil pour les présentations de personnages, l’histoire tourne beaucoup autour de Dani (l’héroïne qui débarque à l’hôpital) et son love interest Rahne ! Les autres protagonistes existent comme ils le peuvent avec, évidemment, Ilyana qui crève l’écran à chaque instant. Du coup, alors qu’on est censé découvrir et suivre des adolescents en crise, on ne les voit qu’une ou deux fois avoir peur (et ne même pas perdre le contrôle, ou à peine, alors qu’ils sont censés être ingérables), personne n’a l’air de trouver cela étrange que leurs cauchemars deviennent réels en même temps que l’arrivée d’une nouvelle mutante (il y a bien un moment où on se dit que ça va être la GRANDE révélation mais… non. On l’aura dix minutes plus tard) et les actions, leurs liens, les révélations (franchement nulles) et même le combat finale arrivent trop lentement et se terminent trop rapidement POUR QUE CE SOIT INTERESSANT !
Mais alors, pourquoi aller le voir si je suis aussi négative (et pourquoi mettre une note aussi élevée si ça a l’air aussi nul) ? Et bien, comme avec Dark Phoenix, il y a de superbes bonnes idées qui ne sont pas exploitées comme il le faut, soit à cause du contexte particulier dans lequel s’est fait le film, soit parce que les scénaristes, à l’origine, n’ont, au fond, fait le film que pour de MAUVAISES RAISONS (honnêtement, je pense que c’est plus le cas avec Dark Phoenix qu’avec celui-là). Déjà, il y a ENFIN une VRAIE histoire d’amour homosexuelle (pas juste beaucoup de sous-entendus et trois secondes de baiser parce que « vous comprenez, il faut que les pays homophobes puissent censurer facilement et non interdire totalement notre film ») et ça fait du bien aux yeux et au cœur. Ensuite, en plus d’avoir une belle brochette d’acteurs investis (pas comme avec Dark Phoenix), on a des personnages attachants qui connaissent tous une période adolescente difficile (sans rire !), renforçant la métaphore des X-men (symbole de diversité). Tous sont d’une ethnie différente (avec des acteurs qui sont à peu près tous de cette ethnie), tous ont vécu un traumatisme qu’ils doivent surmonter (leur peur, bien que sous-exploitée, comme je l’ai dit) et tous ont un rapport à leur corps pubère, au sexe, qui est plus ou moins traumatisant (puceau, problèmes d’érection, homosexualité refoulée ou encore agressions sexuelles) et qu’ils vont devoir surmonter pour s’épanouir pleinement (et avec leurs pouvoirs).
Les thèmes sont forts et beaux et parleront à n’importe quel adolescent en mal de repères. Malheureusement, comme l’ensemble est brouillon, je ne sais ce qu’on retiendra de ce film. Il y avait de quoi faire une suite. Le film manque probablement de vrais bons dialogues (un moment, Dani et Ilyana ont un combat de coq particulièrement puéril et dommageable), d’un vrai punch dans la mise en scène (en tout cas, les shaky cam quand il y a trop de mouvements, non merci) et probablement d’un véritable méchant (comme Disney compte fermer la page Fox de X-Men, ils ont renoncé à Jon Hamm qui devait jouer Mr. Sinistre et ENFIN expliquer une partie du côté brouillon des derniers films X-Men, ET à Antonio Banderas, qui devait jouer le père de Roberto, afin de compléter la longue liste des Daddy Issues des protagonistes). Du coup, comme avec Dark Phoenix, on ressort avec l’impression d’avoir vu un bon divertissement MAIS avec un goût amer dans la bouche.
Et c’est franchement dommage parce que je ne pense pas que les grands studios hollywoodiens s’essayeront à beaucoup de coups de poker comme cela dans les années à venir (surtout pas avec Disney aux commandes, si vous voulez mon avis).
PS : La légende du Démon-Ours est racontée trois fois. TROIS FOIS ! Honnêtement, je ne sais pas s’il y a vraiment PAS eu de reshoots comme Boone l’a assuré mais si c’est le cas, ça aurait été cool QU’ILS ÔTENT AU MOINS LES VOIX-OFF.