Désordres amoureux et hystérie

Ce film hispano-argentin à sketches est produit par M. Pedro Almodovar et réalisé par une figure montante du cinéma espagnol. Ce dernier partage visiblement avec le maître de la Movida un goût pour l’analyse psychologique des situations qui dérapent. Il s’agit bien du fil rouge de cette série de quatre saynètes où un événement certes désagréable mais relativement ordinaire contribue à une crise d’hystérie chez sa victime, qui bascule dans l’irrationnel. J’ai découvert de film grâce au fort aimable cadeau de M. Jean-Jacques Le Coz, co-fondateur de Parlons cinéma.
Dans la première, les passagers d’un avion découvrent qu’ils connaissent tous Gabriel Pasternak, un désaxé notoire, … qui s’avère être le commandant de bord, muré dans sa cabine de pilotage, prêt à s’écraser avec toutes les personnes qui lui ont fait du mal à un moment ou à un autre. Dans la deuxième, un beau mec bourgeois nargue un homme ingrat issu de la classe moyenne qu’il injurie copieusement, pour tomber en panne un peu plus loin, ce qui fait naître une volonté de vengeance chez le plébéien. De là, naît un duel qui finit dramatiquement, par une explosion mortelle dans un ravin. Dans la troisième, un ingénieur connaît le désagrément de voir sa voiture enlevée par la fourrière, ce qui le met en rogne. Il conteste bruyamment et nerveusement, manque presque l’anniversaire de sa fille, ce qui enclenche la procédure de divorce engagée par sa femme. Sa voiture est de nouveau enlevée, il perd son emploi, sa voiture est ramassée une troisième fois à la fourrière, et c’est là qu’il décide d’installer une bombe au Centre des impôts. Il prend ainsi la tête d’un mouvement anarchiste. Dans la quatrième, un mariage dérape dangereusement quand la jeune épouse découvre que l’une des invités n’est autre que l’une des ex de son mari, avec qui il converse aimablement. L’hystérie la gagne, elle blesse l’importune en lui faisant traverser une glace, la belle-famille conseille à son marie d’engager un procès contre elle, ils finissent par se rabibocher en s’embrasser près de la pièce montée, sous le regard écoeuré de l’assistance qui prend la fuite.
La forme s’avère violente, le ton moralisateur, l’air de rien, et le traitement relativement burlesque. Ce cocktail improbable détonne dans tous les sens du terme. Ce film décoiffe, mais présente le mérite de faire réfléchir sur les valeurs humaines, le respect d’autrui, les idées de rationalité et des règles de bonne conduite. Il est intéressant.