Rire fou et fin

Mention : Bien fêlé

Ce film à sketchs décolle en trombe. Montée en puissance d'une ambiance absurde qui rythmera toutes les saynètes. Le démarrage est toujours plus-ou-moins tranquille et le délire devient progressivement ahurissant. L'effet de surprise est total sur les trois premiers quarts-d'heure. Le chahut que provoque le rebondissement dans la scène de l'avion est prenant et surprenant. De même pour la troisième séquence. D'un banal manque de politesse au volant, on en arrivera à une chute explosive et hilarante.

Après cela chaque sketch est très attendu, et l'effet de surprise se dissipe fortement. Les personnages se font embarquer dans des histoires aussi dingues, mais le cynisme est plus pointu et moins désopilant.

Tous les protagonistes de ces délires frôlent le point de rupture, l'usure psychologique, le burn-out. Poussés à bout, il vont franchir de très loin la frontière de la raison. C'est bien dans cette démence totale que le film est fascinant. Il s'agit toujours d'une rancœur poussée à son extrême.

Une vengeance massive et malicieusement orchestrée, une justice empoisonnée, un accrochage pas si dégonflé, un refus de rester dans les cases qui va se payer, un faux témoignage pour une vraie lâcheté, et un mariage apocalyptique qui atteint les sommets de l'inconvenance.

Caricature délirante, Les Nouveaux Sauvages tourne en dérision des poncifs de notre société. Frustrations, privilèges, administration bête et méchante, arrangements pourris, amour trouble, j'en passe et des meilleurs. Un ensemble de sketchs à l'humour toujours très fin mais qui s'étiole dans la puissance du rire. Le miroir grossissant de nos névroses plus ou moins latentes.

Note : 14 / 20