Bon, je dois vous avouer que je déteste les abattages médiatiques sur les films et que j’ai une règle d’or qui est de ne jamais juger un film avant de l’avoir vu en entier. Je n’ai rien contre Kev Adams, et pour tout vous dire, il m’est arrivé de tomber quelquefois sur des épisodes de soda et de me marrer sur certaines vannes. Je n’ai rien contre Vanessa Guide, car les exemples de Louise Bourgoin et de Charlotte Le Bon ont prouvé qu’une présentatrice de télévision peut réussir au cinéma. J’aime bien Jean Paul Rouve, Michel Blanc, Audrey Lamy et William Lebghil et je pense que quand ils s’investissent à fond dans un projet, ils peuvent offrir des prestations assez marquantes.


Bref, tout cela pour vous dire que je suis donc allé voir les nouvelles aventures d’Aladin sans trop d’apriori. Je ne m’attendais pas à un chef d’œuvre, très loin de là, mais à une petite comédie correcte, du style «Fiston», qui tente des trucs et qui, même si il les rate, laissent la sensation que le réalisateur et scénaristes ont eu l’intention de bien faire. Car, oui, le film est vraiment mauvais, mais je vais vous parler de l’histoire avant de vous exposer mon point de vue.


En gros, on suit Sam, un jeune voleur, qui fait croire à sa copine qu’il est trader à la bourse de Paris. Mais, en fait, ce n’est qu’un vulgaire voleur, qui avec son fidèle complice se déguise la veille du 25 décembre, en père noël, afin de voler les Galeries Lafayette de Paris. Sauf, que pendant qu’il dévalise discrètement les étagères, il se fait piéger par une bande de gamins qui veulent qu’on leur raconte une histoire. Alors, pour ne pas se faire repérer par les gardes, il décide de leur conter sa version d’Aladin.


Pour autant, je reconnais qu’il y a quelques rares bonnes choses. Tout d’abord, la réalisation est correcte et, les plans pas trop mal et, on sent une véritable volonté de bien faire pour rendre la mise en scène fluide et efficace. Ensuite, la direction artistique est assez soignée et les effets spéciaux sont assez bon, quand on sait qu’on est en présence d’un film français. Enfin, on ne peut pas nier que le scénario est doté de quelques idées pas trop mal, comme cette mise en abyme entre la réalité du présent et la fiction que crée Sam, surtout que cela peut permettre aux enfants de pouvoir réagir et de modifier des éléments du conte.


Sauf que, toutes ces dernières se plantent à la vitesse d’une Ferrari qui rentre dans un arbre et cela intervient dès la 20 ème minute du film. En gros, les bonnes vannes sont tellement appuyées que cela en devient presque ridicule (certains running gags sont exploités 5, 6, 8 fois, c’est beaucoup trop), l’intervention des enfants dans l’histoire rend la plupart du temps l’univers incohérent et je ne parle même pas du reste qui tombe, trop vite, à l’eau au bout d’une fraction de seconde (la mini explication actor studio du personnage de Lebghil).


Bon, maintenant que le chapitre des bonnes choses (globalement ratées) est clos passons aux mauvaises voir très mauvaises.


Déjà, le scénario est globalement prévisible, il enchaine les grosses ficelles et les poncifs faciles, à tel point, qu’on n’est plus dans une succession d’idées reliées par un fil rouge que dans une véritable construction logique. Ensuite, les personnages sont stéréotypés, clichés, assez vides et réduits à une ou deux fonctions (ex : la servante ne sert qu’à mettre en garde la princesse de tomber amoureuse d’un autre personnage et à être tout le temps sous la menace du sultan). Ce qui fait, qu’à défaut d’avoir quelque chose (d’intéressant) à jouer, les acteurs cabotinent à fond. Les anciens s’en sortent (Jean Paul Rouve, Michel Blanc et Éric Judor sont assez crédibles) tandis la jeune génération se vautre (Kev Adams fait du Kev Adams, Vanessa Guide surjoue à en etre détestable, entre autres).


Mais, ce n’est rien comparé au gros défaut du film: son humour. Déjà, Les Nouvelles aventures d’Aladin fera, de temps en temps, sourire ou rire mais les vannes et les gags seront bien vite oubliées, submergées par le flot d'idées navrantes qui les entourent.. Ensuite, on va dire que l’ADN de l’humour du film est assez désespérant car il est composé d’un quart d’humour digne d’un élevé de CM2 (scato bas de gamme, tirage de langue et moquerie du style « elle est amoureuse »), une moitié de celui d’Astérix mission Cléopâtre et un quart de celui de OSS 117.


Le problème est que reproduire l’humour de Chabat et celui du duo Halin/Hazanavicius relève d’un exercice d’équilibre assez périlleux et subtil. Et, bien sûr, sans trêve de suspense, le scénariste, Daive Cohen (on sait que c’est toi qui a aussi signé celui de «Gamer» ; une milice et des spectateurs sont déjà à tes trousses Daive, on va te retrouver) se loupe lamentablement. Les anachronismes sont grossiers et ridicules, certaines idées sortent tout droit de Mission Cléopâtre et enfin, le film est rempli de vannes douteuses, à la frontière de l’homophobie, la misogynie et du machisme.


A tel point, que j’ai trouvé cela dangereux car, il ne faut pas oublier que le film est tout public. Dans la salle, j’étais entouré d’enfants de 7 à 12 ans. Et, je suis sûr que certains enfants aimeront ce film car généralement, ils sont dotés d’un sens critique assez peu développé et n’ont pas assez de recul pour juger ce qu’ils regardent. Ce qui fait qu’il y a de fortes chances que ces mêmes enfants sortiront les vannes dans les cours de recréations et qu’ils risquent de blesser quelqu’un involontairement voire pire , prendre ce qu’ils ont vu pour argent comptant.


Alors, on est démocratie, vous êtes libres d’aller voir Les nouvelles aventures d'Aladin. Mais, sincèrement, je vous conseille de ne pas y aller (ni d’acheter le DVD) car non seulement vous passerez un mauvais moment mais vous inciterez des producteurs véreux et assoiffés d’argent de recommencer ce genre d’horreur. La balle est dans votre camp, moi, je sais ce qu’il me reste à faire.


Critique extraite de : http://cinematogrill.e-monsite.com/articles/les-deceptions-du-grill/les-nouvelles-avantures-d-aladin.html

Max_Decerier
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le 21 oct. 2015

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