Je crois que c’est, parfois, une mauvaise idée de revoir certains films…

Les Oiseaux, je l’avais vu il y a… un certain nombre d’années, un peu moins de 10 ans environ, et, j’en gardais une impression de « Waouh » (désolée mais c’est ce qui résume le mieux mon ressenti d’alors). Ce film gardait pour moi une aura d’exception et cela aurait très bien pu en rester là, mais voilà : je ne voulais pas le noter sur de vagues, bien que bons, souvenirs, puis en grande amatrice, et de films d’attaques animales, et d’Alfred Hitchcock, je me devais presque de le revoir. Chose faite hier soir, et j’avoue que je trépignais d’impatience en lançant le film.

Alors, je mets les choses au clair de suite : c’est un bon film, ma note le prouve d’ailleurs, mais, et c’est là que le bât blesse, en le revisionnant, il a perdu de sa flamboyance, de son charme et je n’ai pu que constater certains défauts qui, alors, m’avaient échappés. Cela peut-être dû au fait, qu’à l’époque, mon amour du cinéma et ma boulimie de pellicules n’en étaient qu’à leurs débuts ou bien étais-je plus indulgente…. Je ne sais point. Toujours est-il que j’aurais presque préféré en rester à ma première impression.

Venons-en à ce qui nous intéresse : le film, pardi !

Je commencerai par tout ce qui m’a plu, et les qualités ne manquent pas.
1) Tippi Hedren / Melanie Daniels : En premier, l’actrice, qui est pour moi parfaite de bout en bout. Belle, élégante, mutine et juste (rien que ça), blonde hitchcockienne par excellence, elle subira un tournage des plus difficile et porte le film sur ses délicates épaules face à son peu charismatique partenaire masculin, Rod Taylor. Quant à son personnage, Melanie, il est frais et on ne peut que l’aimer de suite. Melanie est jolie, espiègle, drôle mais aussi touchante et courageuse… Une vraie femme, une vraie héroïne.

2 ) Les oiseaux, justement. Prendre un animal aussi inoffensif de prime abord que la mouette (bon, je vous accorde que les corbeaux sont déjà plus effrayants) se révèle très efficace car si cela rend la menace plus incongrue, imprévisible, une fois que cette menace devient inéluctable, elle est beaucoup plus terrifiante. Leurs cris grinçants finissent par vous donner la chair de poule, et, suite à la découverte du corps d’Annie, l’institutrice, le corbeau sur le toit de l’école lâche un cri que je ne peux m’empêcher d’assimiler à un « biiiiiiiiiiiiird » croassant à souhait.
La première (et petite) attaque de Melanie sur le bateau, est l’une des plus efficaces pour moi. Elle survient dans un moment de légèreté, d’allégresse presque de la part de cette dernière qui vient de jouer un tour à Mitch, et là : PAF ! (Non, Louis de Funès n’a pas pris possession de mon clavier) le premier accroc ! Ce n’est pas grand-chose le coup de bec de cette mouette, mais ça vient casser ce parfait début de journée et le magnifique visage de Tippi barré de cette larme de sang annonce le début de la fin, instaure le malaise.

Ce qui aura rebuté certains, c’est le fait de ne pas savoir pourquoi les Oiseaux passent à l’attaque du jour au lendemain… Moi je trouve que c’est là une excellente idée, renforçant la peur que le film peut susciter. Si l’on vous dit qu’ils sont devenus agressifs suite à telle ou telle cause, que vous pourriez éliminer dans votre environnement personnel, ça rassure. Ici il n’y a pas de cause, ou en tout cas elle nous est inconnue, un espèce de « ça pourrait arriver près de chez vous »… Flippant, non ?

3 ) Certaines scènes sont magistrales : la première attaque donc.
Les oiseaux qui se rassemblent lentement, inexorablement, sur les jeux d’enfants, pendant que Melanie, au premier plan et ne se rendant compte de rien, fume négligemment une cigarette.
La scène à la station de service. Hitch prouve une fois de plus qu’il aurait été un parfait réalisateur de film d’action. Bim ! Les oiseaux ! BOUM ! Une gigantesque explosion ! La panique qui envahit la population, ce plan des dégâts vus du ciel, Melanie coincée dans la cabine téléphonique… Quiconque aurait tendance à piquer du nez en milieu de film se verrait immédiatement rappelé à l’ordre : C’est sur l’écran que ça se passe !
La scène du grenier, mythique bien sur. Mythique parce que l’ascension de Melanie dans cette maison silencieuse comme la mort, lampe torche déversant des ombres effrayantes sur les murs qui l’entourent est l’un des trop rares moments de véritable suspense du film. Mythique pour l’attaque finale qui en découle, vrais oiseaux et donc vraie terreur à l’appui. En tant que femme tenant tout de même un peu à la sauvegarde de mes deux yeux, je trouve bien sur que cette initiative d’Hitchcock est horrible mais en tant que cinéphile… Chapeau bas et idée de génie. Regardez-donc cette scène… Elle est parfaite.

4) Pour finir, ce que j’apprécie dans Les Oiseaux, c’est le fait de sortir un peu du registre de l’horreur avec au début pas mal de moments légers, voir drôles. Les « lovebirds » qui, sur le plancher de la décapotable de Tippi Hedren, se penchent dans les virages, il m’en faut peu peut-être, oui, mais j’étais pliée de rire ! Les badinages entre Melanie et Mitch sont sympathiques aussi, un peu désuets, mais je ne regarde pas des films des années 60 pour entendre des « Wesh miss, t’as un zéro-six ? ».

Ce qui m’a (un peu) déçu :
1 ) Pour un film réalisé par le maître du suspense, je trouve qu’il en manque un peu. A part la scène des corbeaux près de l’école et lorsque Melanie se dirige vers le grenier, je trouve que la tension ne monte pas. De la terreur, oui, du suspense : non. En tout cas pas assez. Alors c’est vrai qu’on passe un bon moment, qu’on n’aimerait pas être à la place des uns et des autres subissant les assauts de ces maudits piafs… mais je m’attendais à plus.

2) Le film met un peu trop de temps à démarrer. J’aime bien qu’on prenne le temps d’installer son intrigue, de présenter ses personnages, etc. mais là, c’est un brin longuet. Je comprends la volonté d’Hitchcock, qui à l’époque, démarra sciemment son film par ce qui l’annonce comme une love story légère tintée de comédie, pour le moment venu, faire basculer tout cela dans l’horreur, et de ce fait surprendre deux fois plus son spectateur. A l’époque, oui. Mais maintenant, il ne faut pas se leurrer, si l’on regarde Les Oiseaux, c’est en toute connaissance de cause et c’est justement pour assister à la furie des volatiles, et non à l’ébauche d’une aventure amoureuse. On veut de l’angoisse. J’avoue de ce fait avoir légèrement rongé mon frein pendant la première partie du film.

(je finis, oui, oui…)

Les Oiseaux ça reste malgré tout un bon film donc, un excellent même dans la catégorie des films animaliers. Il est malheureusement redescendu du piédestal sur lequel je l’avais un peu vite hissé et malgré mon amour des films de ce genre, je continuerai de préférer Hitchcock dans d’autres registres.

C’est quand même fichtrement décevant d’être déçue d’être déçu…
Pravda
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le 18 mars 2013

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