Moi aussi, entre 1996 et 1997, j'ai habité dans le 13e arrondissement - plus précisément, au quinzième étage de la Tour Rubis, située au 36, avenue d'Italie. Si vous voulez réagir à cette critique, je vous prierais de le faire par courrier, en envoyant vos doléances à l'adresse ci-dessus ; j'ai beau ne plus y vivre, la Poste devrait pouvoir me retrouver. Si par malheur elle n'y parvenait pas, il faudra en tirer les conclusions adéquates : le service public est mort, et la génération dorée des facteurs de Paris-Sud enterrée.


En effet, tout se meurt à Paris. Tandis qu'Hidalgo grand-remplace ses ennemis politiques par des rats, Audiard fusille le cinéma français. Les Olympiades avaient déjà souffert de la fermeture courant 2019 du Roi de la Frite, mais elles avaient gardé une certaine dignité. En 2021, c'en est fini pour de bon, le quartier ne se relèvera pas de l'affront cinématographique. Je ne suis pas un expert, mais de la même manière que les prix à Montmartre avaient explosé suite au Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, je vois bien un énorme crash immobilier dans le 13e, les habitants refusant d'être l'objet des quolibets que leur réservent désormais les cinéphiles de toute la France. J'en ai parlé à ma psy, dont le cabinet est situé avenue de la Sœur-Rosalie ; je suis allé jusqu'à la menacer de cesser de me présenter aux séances si elle ne déménageait pas, avant qu'elle ne me rappelle que je suis légalement tenu de recevoir des soins psychiatriques. Elle m'a cependant promis de réfléchir à une possible relocalisation du cabinet, c'est déjà une petite victoire.


Comment peut-on croire un seul instant que la jeunesse de Paris 13, c'est ça ? Les trois protagonistes de cette affaire sont plus insupportables et prétentieux que le petit-fils de Jacques Attali (je ne le connais pas, vous ne le connaissez pas, mais je suis certain que vous vous en faites la même image que moi). Ils parlent de sexe H24, s'expriment comme des philosophes mais débitent platitude sur platitude, s'envoient des dick pics floutées, Paris-1 devient un endroit où il est admis que les femmes sont slut shamées, les professeurs de français reprennent des agences immobilières au pied levé... Au bout d'un moment, c'est trop. Je suis resté jusqu'à la fin, mais avec une envie de brûler les acteurs, et Audiard, et le MK2 Bibliothèque, et l'arrondissement entier — même Monsieur Portier, excellent professeur de japonais à Panthéon-Sorbonne, que je salue au passage s'il venait à passer par ici. Sachez Monsieur que ce n'est pas contre vous, mais pour réaliser un bon incendie de purification, il faut tout brûler et, malheureusement, brûler tout le monde.

supertryphon
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2021

Créée

le 8 nov. 2021

Critique lue 600 fois

13 j'aime

3 commentaires

Maurice B

Écrit par

Critique lue 600 fois

13
3

D'autres avis sur Les Olympiades

Les Olympiades
takeshi29
8

« Un amant exceptionnel ne peut faire qu'un mauvais mari. » (Audiard, mais pas le fils)

Ce que j'aime particulièrement chez Jacques Audiard est sa faculté à se balader de genre en genre, à ne jamais faire le même film. Et ici, dès les premières images, on comprend qu'encore une fois il...

le 5 oct. 2021

104 j'aime

2

Les Olympiades
Sergent_Pepper
8

Déflagrations de dépendances

Après le détour par un classicisme à l’américaine avec le western Les Frères Sisters, Jacques Audiard s’associe aux scénaristes Céline Sciamma et Léa Mysius pour l’adaptation d’un roman graphique...

le 3 nov. 2021

73 j'aime

5

Les Olympiades
Specliseur
8

Un film hybride et cohérent

Le cinéma de Jacques Audiard est constellé de collaborations riches et fructueuses. Les Olympiades ne déroge pas à ce constat mais le cinéaste a opté pour un renouvellement majeur en choisissant...

le 5 nov. 2021

53 j'aime

Du même critique

Tout simplement noir
supertryphon
4

Tout simplement... pas représentatif.

Alors qu'enfin on considère avec sérieux les problèmes auxquels les personnes noires sont confrontées dans notre pays, Jean-Pascal Zadi présente Tout simplement noir, et croit ainsi ajouter sa pierre...

le 18 juil. 2020

3 j'aime

8

Benedetta
supertryphon
8

Soyez bénie, Benedetta

Je ne connaissais pas très bien Verhoeven avant la rétrospective organisée à la Cinémathèque (et ce serait toujours un peu exagéré de dire que je le connais bien désormais) mais la rencontre entre...

le 14 sept. 2021

2 j'aime

Drunk
supertryphon
7

comment vivre quand on est danois (qu'on a plein de fric et qu'il fait moche tout le temps)

quand je vivais à buenos aires j'avais une colocataire danoise. elle était belle, alcoolique et pleine aux as. en voyant ce film, j'ai l'impression de mieux la comprendre. ne pas boire à copenhague,...

le 20 oct. 2020

2 j'aime