Comme souvent lorsque je regarde un film sur les conseils de quelqu'un d'autre, je ne me renseigne pas préalablement sur le film ou son histoire. Tout au plus je regarde qui en est le réalisateur et quel en est le genre. Bien sûr j'avais déjà entendu parler des Parapluies de Cherbourg, mais je ne connaissais que de nom. Avant de voir le film, je ne savais donc pas du tout où je mettais les pieds. Autant dire que j'ai été surpris, mais ce fût une excellente surprise !
Quand j'ai débuté ce que je croyais être une simple comédie musicale de Jacques Demy, je ne m'attendais absolument pas à ce que le film soit entièrement chanté ! J'ai d'abord été étonné, puis j'ai trouvé cela ridicule, et finalement je me suis habitué, et j'ai pu pleinement profiter de la beauté magique de ce film..
Le scénario n'est pas très compliqué. C'est une simple histoire d'amour, deux jeunes gens qui veulent se marier, et que la vie empêchera finalement de réaliser leur rêve. Mais cette histoire est sublimée par un excellent Michel Legrand, qui propose ici quelque chose non seulement de rarement (ou jamais) vu, mais aussi tout à fait efficace. Le fait de chanter les dialogues permet nombre de ressorts de mise en scène nouveaux par rapports à des films plus classiques.
Par exemple l'accentuation de la détresse de la mère lorsque le bijoutier lui explique qu'il ne peut lui acheter son collier. Je suppose que tout le monde s'est senti acculé par les dettes et les problèmes de la pauvre dame, en entendant chanter le bijoutier de plus en plus fort, comme la réalité grave et criante qui la rattrape.
Cela permet aussi de ne pas tomber dans le tire larme forcé lorsque, par exemple, la grand mère dit à Guy qu'elle va quitter ce monde. Là où, sans musique, on aurait pu tomber dans un cliché pathos, avec la grand mère et sa voix tremblotante, et le fils qui pleure, les violons, et le film qui nous aurait hurlé de pleurer, supplié même... Ici, tout simplement, la grand-mère chante gaiement à son petit fils que son heure est venue. Je trouve cela non seulement plus original, mais aussi encore plus attristant. (Bien sûr, il y avait d'autres manières, sans musique, de faire de ce scénario un bon film. Je dis simplement que l'utilisation de la chanson est correcte, pertinente, et apporte une magie que peu de films parviennent à obtenir.)
Il me paraît tout aussi important de souligner le magnifique travail des couleurs et des décors. Que serait Les Parapluies de Cherbourg sans ses couleurs ? Je pense que l'affiche (celle que me montre SensCritique en tout cas) représente assez bien le film sur ce niveau.