Regrets éternels que ce film - stupidement accusé de parti pris pro-israélien (1. c'est faux; 2. et même si c'était vrai, so what ?) - ait été un échec en salle lors de sa sortie, après pourtant avoir été acclamé à juste titre au festival de Cannes. Plus de 20 ans après, je ne m'explique toujours pas les raisons de cet échec public pour ce qui est, n'ayons pas peur des mots, le meilleur film d'espionnage de l'histoire du cinéma. Double-pincement au coeur : ce monument oublié est français... Facile de baver sur notre cinéma hexagonal, encore ne faut-il pas snober les perles quand il y en a ! Comment un film de ce calibre a pu faire un flop à sa sortie ? Incompréhensible, mais espérons que le temps rendra justice aux Patriotes. Une vraie claque, j'ai pas pu décrocher malgré la longueur du film. Attal tient le rôle de sa vie et les autres sont absolument formidables, Kiberlain, Lecocq et les acteurs israéliens en particulier. Le scénario, inspirés de faits réels, est huilé comme une machine outil high-tech, le montage est parfait, les cadrages sont justes. Rochant était-il touché par l'état de grâce quand il a réalisé ce film, supérieur même au Munich de Spielberg ? Non, car s'il fera nettement moins bien avec Moebius (honorable toutefois), il prouvera avec le Bureau des Légendes que les Patriotes n'étaient pas un accident heureux. Ce n'est pas qu'un film sur les services secrets israéliens, c'est surtout une remarquable radioscopie sur les arrières-cuisine de la realpolitik la plus brutale, la raison d'Etat et les hommes/femmes qui se salissent les mains dans des boulots moralement condamnables mais néanmoins indispensables.