Les films qui remettent en cause l'ordre établi sont toujours les bienvenus et on comprend facilement pourquoi celui-ci a particulièrement plu à la Nouvelle Vague française qui s'en est largement inspirée dans les années suivantes; on pense rapidement à "Pierrot le fou" ou à "Céline et Julie vont en bateau". Le film tchécoslovaque garde même une radicalité et une fraîcheur bienvenue si on la compare à la pesanteur ampoulée de l'intelligentsia germanopratine.
Mais c'est aussi cette radicalité - je ne suis pas du tout contre la radicalité par principe, soyons clairs - qui perd la réalisatrice dans une double impasse : tour à tour nihilistes puis mégalomanes, nos personnages dénigrent à peu près tout ce qui peut faire humanité au lieu de ne s'attaquer qu'à ce qui fait société.
La scène du "festin" est aussi symptômatique du libéralisme libertaire européen depuis précisément cinquante ans : on se sert largement sa part du gâteau dans le système qu'on prétend abattre pour alimenter sa propre économie.