Le genre du film de taulard a beau être saturé depuis belle lurette, il arrive encore à nous offrir quelques beaux moments. Remarqué dans de nombreux festivals, Les poings contre les murs ne sort peut-être pas des sentiers battus, mais n'en reste pas moins une proposition intéressante.


Le genre à ses codes bien à lui, ses clichés, ses lieux communs, et le film de David MacKenzie n'échappe pas à la règle, s'y engouffrant même tête la première. Vous retrouverez donc sans surprise le jeune chien fou, la figure paternelle ambigüe, le personnel violent et corrompu, le parrain local, le mentor idéaliste, bref, toute la panoplie du parfait film de prison.


Prévisible pour qui sera coutumier du genre, Les poings contre les murs compense heureusement son manque d'originalité par son honnêteté, par l'authenticité apportée par le vécu du scénariste Jonathan Asser, psychologue volontaire. Son expérience et son bagage transpirent à chaque plan, nimbant des clichés ambulants d'une véritable profondeur.


Filmé sans fioritures, jamais excessif, allant le plus souvent à l'essentiel, Les poings contre les murs puise sa force dans la relation contrariée et complexe, entre un gamin de dix-neuf ans et son paternel, tout deux emprisonnés et incapables de se défaire de leur rancoeur, de leur rage, de la peur qui leur bousille le coeur et les entrailles.


L'occasion de s'attarder sur un aspect peu mis en valeur dans ce genre de production, à savoir la gestion de la colère, principal élément déclencheur d'une violence incontrôlable éclaboussant trop souvent les murs des établissements. Le film évite d'ailleurs habilement une certaine naïveté que l'on sentait poindre, n'apportant finalement aucune réponse.


Bourré de défauts et n'atteignant pas la puissance des classiques du genre, Les poings contre les murs s'en sort finalement la tête haute, grâce à la sincérité de son exécution, à sa mise en scène sèche et à l'implication de comédiens absolument sensationnels.

Gand-Alf
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le 12 juin 2015

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