Attention, cette bafouille contient des spoilers ! Merci de votre compréhension.
Après deux adaptations plus ou moins libres de Lovecraft, qui se sont immédiatement imposées comme deux fleurons du cinéma d'horreur des 80's, Stuart Gordon se lance dans une nouvelle production plus modeste sur ses ambitions avec Dolls. Chronologiquement, c'est toutefois un peu plus compliqué que ça, puisque Gordon a en réalité tourné Dolls avant From Beyond dans les mêmes studios italiens mais il est sorti un an plus tard à cause de la complexité de ses effets spéciaux qui ont rallongé la postproduction.
Quoiqu'il en soit, après Lovecraft, Gordon se cale sans détour sur le conte de fées macabre, comme l'évoque d'emblée le bouquin d'Hansel et Gretel posé là dès les premiers plans. Par conséquent, le film sera raconté intégralement du point de vue de la gamine (dommage, elle est agaçante), avec son imagination débordante qui fera douter les autres personnages de la réalité de la situation. Ces personnages d'adultes deviennent d'ailleurs assez archétypaux des contes : l'affreuse mégère (jouée par la propre femme de Gordon !) alliée au père pleutre, les vieux hôtes fabricants de vieux jouets dont le savoir-faire cache les noirs desseins, les jeunes femmes usant de leur charme (calqué sur celui de la Madonna de l'époque) pour manipuler les hommes. Sans suspens, celui qui sera épargné sera celui qui a gardé une âme d'enfant (l'acteur Stephen Lee est d'ailleurs très drôle), quittant la maison avec la gamine à la fin du film qui ne condamne pas les actes du diabolique couple de fabricants pour terminer sur une sympathique note malicieuse.
Dolls se tient donc bien sur son cap de conte dont ne s'écarte jamais Gordon (il enlèvera d'ailleurs au montage nombre d'inserts gores qu'il ne jugeait pas nécessaires), emballant un film sans surprise mais pas sans saveur. Ses jolis décors de manoir hanté baignés dans "la nuit la plus longue" et ses effets spéciaux soignés en font donc un film d'horreur 80's sans prétention mais attachant. Une petite récréation pour Gordon avant d'enchaîner sur un From Beyond beaucoup plus sérieux et remarquable.