J'ai arrêté le sein à 9 mois...

...mais comme je n'ai aucune volonté, j'ai repris à 17...
Cédric Klapisch (1961- ----) a pour moi un mérite : il ne me laisse jamais indifférent ! Bien qu'ayant déjà vu, revu... par le passé, ce film, il m'a semblé le redécouvrir...: ou alors j'ai des talents divinatoires, allez savoir !
Tout d'abord, j'aime être surpris et ça commence plutôt bien : le titre est plutôt original, (ce n'est pas toujours le cas), le générique sort de l'ordinaire et donne un petit air guilleret à l'ambiance, le générique est novateur et change de ce qui semble parfois un pensum, une obligation pour droits d'auteurs....
Après un démarrage un peu lent, on découvre que la vie n'est pas faite d'une longue suite de flirts ou d'amours tranquilles ! Surtout quand ils sont cosmopolites...

Le plus compliqué de l'affaire des sexes, c'est qu'il faut être complètement gaga de l'un de l'autre, et ce tous les deux en même temps. Ce qui pourrait bien être la fable de ce film, et ce, quel que soit le siècle dans lequel on vit.... Internet n'a -au-moins- rien changé là-dedans...
Je me suis donc laissé emporter par cette histoire du jeu de l'amour et du hasard, réécrite superbement à l'encre Klapisch sans m'ennuyer une seule seconde durant le parcours prédateur et labyrinthique de Xavier Rousseau ! Et la recherche de l'issue dure quand même plus de deux heures.
Xavier, éternellement à la recherche de l'âme sœur, est ici magistralement joué par Romain Duris dont je ne passe pourtant pas mon temps... à ne dire que du bien. Son meilleur film ! Il semble transcendé par Klapisch...

Il ne joue pas Xavier : il arrive à nous faire croire qu'il l'est. Et il est pour beaucoup dans le succès de ces "poupées" dont il faut bien reconnaître qu'elles sont magnifiques... Quel homme n'en ferait-il pas "son petit quatre heures ?"
D'ailleurs, le générique est une pure merveille : des choix judicieux, aucun des acteurs qui ne démérite, dans cette distribution prodigieuse... Je devrais faire une sélection parmi toutes ces poupées que je n'y arriverais pas.
Un César est d'ailleurs venu récompenser en 2006 la jolie Cécile de France, aussi naturelle et à l'aise derrière une caméra qu'un comptable devant sa calculette... Ah son décolleté de veste d'homme sexy laissant entrevoir ce que j'ai arrêté à 9 mois... Bizarre : elle est ici lesbienne ?

Qui l'eut cru, qui pourrait le croire ?

Mais pourtant, la meilleure prestation est assurée selon moi par Wendy, en l'occurrence Kelly Reilly que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam... Tellement naturelle, si réellement féminine, comestible et versatile à souhaits... Et puis il y a des surprises comme Bernard Haller (1933-2009) qu'on n'attendait pas là, mais qui ne dépare nullement ainsi qu'à Pierre Gérald (1906- 2012) oui oui, décédé à 105 ans et Haïm Cohen lorsqu'il ne faisait pas de cinéma ! Chapeau pour ces coups du meilleur feutre ! Ces seniors auront terminé une longue carrière en feu d'artifice...

Mais là n'est pas le seul attrait de ce film. Les images, le montage, le rythme et la qualité de la photographie sont d'une rare perfection. Les plans sont habilement découpés même s'ils désorientent parfois un peu....

Je serais curieux de savoir le temps que le travail préparatoire a duré avant cette construction picturale car on tient là un bijou...

Teinté d'une touche d'érotisme aussi subtil que bienvenu. Ah ce long plan où une jolie jeune femme marche le long d'une rue de Saint-Pétersbourg, avec une micro-jupe plissée, dont le déhanchement procure des vagues déshabillant de longues et fines jambes, prometteuses d'une jouissance future ?...

Ah ce mec à poil poursuivant sa copine en tenue d'Eve le long des trottoirs de je ne sais plus quelle ville ! Heureusement; aucun passant, des trottoirs vides : miracle du ciné ! De grands moments de cinéma et des moments qui finiront bien par devenir historiques genre "atmosphère" d'Arletty...
Confidence : un réalisateur qui aime à ce point le train, est fasciné par un Eurostar s'engouffrant à vive allure dans le tunnel sous la Manche, ne peut qu'être un homme bien, sensuel, et aimant la découverte. Faut-il voir dans cette séquence le symbole d'une pénétration masculine à moins que je n'affabule sur le hasard des prises de vues ? En tout cas ce cadencement rythme à merveille les incessants voyages du Valentin à la recherche de sa Valentine...
Heureux qui, comme Klapisch a fait de beaux voyages.
Mais pour couronner le tout, le choix musical qui enrobe toutes ces images les magnifie... sans vous asséner de l'opéra à gogo BCBG comme ceux qui se voudraient intellos.

A contrario,ici on déguste un panel de musique classique, comme le "lac des cygnes" sans sombrer dans le rap... Même le générique de fin est bercé par "Ce qui me meut" qui lui sied si bien...Mais de qui est-ce donc ?

D'ailleurs, la bande originale du film regardée sur petit écran sera sublimée en l'écoutant assistée d'une plateforme additive Bose (ou autre) , venant au secours de certains haut-parleurs asthmatiques intégrés à votre télé.

Moins encombrante qu'un home-cinéma, et moins tam-tam. Si ça se trouve, vous avez dépensé une fortune pour avoir une image d'écran sans défauts, et comparativement, entendez un son proche des disques "78 tours à aiguilles" de votre arrière-grand père...
Cette BO est disponible chez UP Music (Warner Music France) Tout ceci n'étant bien sûr pas de la pub mais de l'info...
Cette aventure est une réussite et me laisse interrogatif : Klapisch a-t-il tout inventé ou y a-t-il une part d'autobiographie ?

La qualité y était, le public a suivi : une onzième place au box office des entrées en salles françaises l'année 2005 de la sortie, 2 894 803 spectateurs et une rentabilité de 222 %... L'auberge espagnole a fait à peine mieux, mais comme disait Kipling, c'est une autre histoire !

Salut poupées... (BD Barbe Boire de Spirou)

Additif au 14.04.2023 : Je ne me souvenais plus trop de ce film, et restais perplexe à la note attribuée : je viens donc de le revoir et l'enchantement initial s'est encore accru... Au plaisir d'une projection découverte s'est ajoutée une analyse plus chirurgicale, mais la jouissance est restée intacte, voire meilleure.

Arte le 12.04.2023-

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le 14 avr. 2023

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