Comme quoi, rappel utile, la présence de James Stewart n'est pas un gage de qualité. Un western anti-militariste, c'est certes quelque chose d'intéressant en soi (car le genre se pose rarement la question de l'utilité de la guerre), d'autant plus dans le cadre de l'époque du film, empêtré dans la guerre du Vietnam. Mais cela ne suffit pas pour autant à faire un bon film. En gentleman-farmer propulsé malgré toutes ses réticences dans la guerre de Sécession, Stewart et sa horde d'enfants ne convainc jamais vraiment.
Certains films vieillissent mal, et celui-ci en fait indéniablement partie : il suffit de voir la séquence de la demande en mariage pour s'en convaincre. À côté de ça, le patriarche humaniste qui sert de protagoniste est un personnage de fiction vraiment peu intéressant et assez mal interprété, comme sclérosé. Le genre à aller à la messe tous les dimanche alors qu'il affirme n'être pas trop adhérent (il fait ça pour sa défunte femme), et à ne pas vouloir s'engager dans la guerre tout en s'en mêlant quand il ne faut pas. Laisser son gamin s'habiller avec l'uniforme des confédérés, quand des troupes de l'Union traînent dans le coin, c'est rarement une bonne idée.
Il y a tout un basculement de l'état d'indépendance vis-à-vis de la guerre vers la cruelle réalité, qui rattrape la famille, globalement raté. C'est dommage, car les portraits sont loin d'être manichéens, il n'y a pas de peinture bienveillante d'un côté et acharnée de l'autre. Les deux côtés qui se font la guerre ont leurs bons et leurs mauvais penchants, et la famille est globalement assez plurielle. Il y avait un très bon film à faire sur l'adoption d'une position neutre et sa relative impossibilité dans un tel contexte. Dommage que le résultat soit aussi proche d'un épisode de La Petite Maison dans la prairie.