Laissez-moi vous parler d'un film. Une oeuvre d'art plutôt qui, aujourd'hui, a perdu deux des grands hommes qui l'ont façonné. Tony Scott tout d'abord, décédé en 2012 et dont c'est le tout premier film. Et puis bien sûr David Bowie dont je pleure la mort à l'heure où j'écris ces lignes. Un artiste aux multiples talents, icône glam capable de s'offrir littéralement en terme de musique et qui prouva à diverses reprises que Ziggy avait aussi sa place au cinéma. Et s'il surjouait quelque peu dans Furyo, c'est bien dans Les Prédateurs qu'il dévoilera une présence hors du commun, embrasant une pellicule teintée de fantastique et d'érotisme déjà brulante.


Il interprète un vampire traversant les âges aux côtés de la divine Catherine Deneuve. Elle a fait de lui cette créature de la nuit et l'a aimé éperdument. Mais l'immortalité de Bowie est conditionné par l'amour de Deneuve et la belle se lasse. Il connaît alors un vieillissement aussi rapide que prématuré. Et tout en luttant, il se fait aider par une spécialiste en vieillissement. Mais Deneuve succombe aux charmes de la nouvelle arrivée. S'ensuit alors un jeu torride où la vampire use de ses capacités surnaturelles au combien efficaces, délaissant un Bowie sur le déclin, en proie à une véritable tragédie tant physique que mentale.


Dès les premières instants, si l'on découvre cette merveille après les productions plus récentes de Tony Scott, on est étonné. Choqué même. Un style complètement différent, plus posé, langoureux. Une photographie froide bien loin des images irradiées de Man on Fire ou Domino. Une véritable maîtrise rythmique s'impose d'emblée aussi avec une intro musicale d'une grande efficacité. Et puis cette passion érotique qui anime le film paraît insensée d'autant qu'elle reste douce et emplie de finesse alors que les sex-symbols Deneuve et Sarandon s'abandonnent à l'écran. Ce Scott a disparu par la suite, son cinéma devenant presque grossier à l'orée des nineties (sans pour autant manquer d'intérêt). Là, il prouve un savoir-faire en matière de fantastique qui, malheureusement, ne sera jamais poursuivi. Les dernières bobines se permettent même de pulvériser toute attente avec une plongée absolument délirante dans les tréfonds de l'épouvante.


On y trouve la Susan Sarandon qu'on a toujours aimé. Celle qui enchaîne les films osés avec talent. Et il y a la Catherine Deneuve des grandes heures. Celle qui se dévoilait comme jamais dans le fantastique, d'une beauté folle et démoniaque à souhait. Ces deux déesses entourent un Bowie d'une sobriété exemplaire lui qui a été capable des plus grandes excentricités sur scène. Mais son regard fait tout. Il est peut-être la plus parfaite incarnation d'un vampire. Séduisant, attirant, grand, fin, froid, d'une beauté imparable. J'ai pensé aux descriptions que fait Anne Rice de ses suceurs de sang dans Entretien avec un Vampire en le voyant. Le film est tout à son image. Il va nous manquer, c'est sûr...

Aymic
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le 12 janv. 2016

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Aymic

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