Un film étonnamment moderne pour son temps, on sent que Don Siegel sort de sa zone de confort, s'éloigne de l'image de Eastwood "canardeur" qu'il a contribué à créer avec Sierra Torride, Un Shérif à New York mais surtout avec L'inspecteur Harry, en proposant un drame psychologique où la métaphore du coq dans le poulailler n'a jamais été aussi vraie puisqu'il raconte l'histoire d'un soldat Yankee, égaré en plein Etat sudiste et qui trouve refuge dans un pensionnat de jeunes filles après avoir été blessé au combat, celles-ci tombent toutes sous le charme du caporal, refoulant leurs désirs pour des questions religieuses ou idéologiques, se joue alors un jeu de séductions entre Eastwood et les différentes filles du pensionnat.


On aurait très bien pu en faire un thriller érotique mais on privilégie tout de même le côté dramatique et ça fonctionne tout de même. Certaines scènes sont osées (Eastwood embrasse quand même une gamine de 13 ans, et ce dès le début du film) et le côté "guerre des sexes" est assez suggéré que ce soit par l'opposition de l'homme qui perturbe le quotidien où les femmes règnent, mais également les femmes entre elles : les femmes règlent leur compte entre elles, elles sont jalouses, sexuellement frustrées, leur envie castratrice et de domination l'une sur l'autre est assez parlant ; faire de Eastwood un héro nordiste, à la fois le héro principal et le méchant du film, est assez osé également.


Le film est parfois dérangeant sous certains aspects, il n'a pas du tout vieilli autant dans sa réalisation que dans son message (au point qu'on en a fait un remake cette année), et cette manière d'aborder la tentation est intéressante, où chaque spectateur peut s'identifier à différents personnages et où chacun a ses torts.
Un film diabolique au scénario empoisonné, typiquement le genre de films dont on ne peut se passer de revoir. Certainement la meilleure collaboration entre Siegel et Eastwood.

Polyde
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Clint Eastwood, Les meilleurs films de Don Siegel et Les films les plus subversifs

Créée

le 23 déc. 2017

Critique lue 223 fois

5 j'aime

2 commentaires

Polyde

Écrit par

Critique lue 223 fois

5
2

D'autres avis sur Les Proies

Les Proies
Sergent_Pepper
8

Smells like keen spirit.

Don Siegel poursuit l’aventure avec Eastwood en lui proposant de nouvelles terres de conquêtes, délaissant le western au profit d’un récit historique et psychologique. A l’abris supposé de...

le 9 déc. 2014

63 j'aime

7

Les Proies
drélium
8

Le pensionnat des jeunes filles sévères

Largement réévalué depuis son échec commercial et critique initial, grosse plus-value et petite diffusion, culte bien ancré, ambiance lourde assurée, les attentes sont donc forcément hautes...

le 22 janv. 2015

57 j'aime

21

Les Proies
Docteur_Jivago
8

Derrière les masques

C'est en pleine guerre de sécession que Don Siegel nous envoie avec Les Proies en 1971, récit narrant les péripéties d'un soldat nordiste blessé à la jambe dans un pensionnat sudiste pour jeunes...

le 6 juin 2017

36 j'aime

13

Du même critique

Une histoire de la musique
Polyde
8

Plus un journal de mélomane qu'un vrai livre d'Histoire

J'ai eu l'agréable surprise d'être tombé sur cet ouvrage lors d'un petit séjour dans le Sud, je ne savais pas du tout que Lucien Rebatet, que je savais bien entendu mélomane, avait tout de même...

le 24 mai 2017

16 j'aime

5

Epidémies
Polyde
8

De l'incapacité des Etats à répondre aux crises

Il y a une chose qui frappe à la lecture de ce court livret, c'est quelque chose que nous voyons depuis des décennies en économie, de fiscalité et dans d'autres secteurs de la société civile, c'est...

le 30 mars 2020

15 j'aime

7