Je le confesse, la première fois que j'ai entendu parler des Proies, c'est en regardant la filmographie d'Elle Fanning. Parce que j'adore Elle Fanning. Elle a une incroyable innocence dans le regard, ce qui lui ouvre la porte à des rôles aussi intéressants qui difficiles de jouer juste.
Bon, ensuite j'ai vu qu'à la réalisation, il y aurait Sofia Coppola. Il n'en fallait pas plus pour le mettre sur ma liste des films à voir en 2017.
Les Proies est donc un film de Sofia Coppola adapté du roman de Thomas P. Cullinan. Pendant la guerre de Sécession, en Virginie, le soldat nordiste John McBurney (Colin Farrell), gravement blessé, est recueilli dans le pensionnat de jeunes filles de Mme Farnsworth (Nicole Kidman), où il ne reste plus qu'une enseignante (Kirsten Dunst) et cinq élèves (dont Elle Fanning).
Difficile d'en dire plus sans déjà dévoiler la fin - et c'est bien là le premier problème de ce film. Le scénario se résume en trois phrases. Bien évidemment, le soldat nordiste est d'abord vu, par les pensionnaires sudistes, comme un yankee que l'on livrera à l'armée locale après son rétablissement. Mais sa sympathie et ses bonnes manières lui valent l'appréciation des jeunes femmes, qui décident de le garder plus longtemps. Et après cette évolution lente mais normale des relations entre personnages, le premier rebondissement marque déjà le début de la dernière partie du film, vingt minutes avant sa fin.
Donc en clair, rien de passionnant ni novateur pendant la première heure. Il faudra attendre le dernier quart pour qu'enfin, il se passe quelque chose et que la tension réussisse à s'intaller. Et ce final n'est, encore une fois, ni original ni fulgurant. C'est horrible à dire mais le scénario est très mou et plat.
On retrouve néanmoins des éléments clés des films de Sofia Coppola : des personnages sans possibilité d'évolution et qui s'ennuient, et une forte (oh que oui !) tension sexuelle. A tel point qu'elle se devine très facilement et qu'elle n'est jamais surprenante. Qu'un groupe de jeunes femmes voient leurs sens se réveiller alors que parait le premier homme qu'elles aient côtoyé en plusieurs mois (voire années ?), ça reste relativement prévisible dans un film. Et seule sa conclusion, résolument plus "féministe", peut relever un tel postulat, un tantinet archaïque. Même le contexte de guerre dont il est fréquemment question ne parvient pas à s'installer comme un des éléments importants dans la progression du récit.
L'intérêt principal du film reste sa photographie. Philippe le Sourd a fait un travail formidable. Le film est très contemplatif : des images fixes où les halos rougeoyant du soleil couchant filtrent à travers les branches, une brume nocturne dans les prés... Beaucoup de décors font penser à des tableaux dans le traitement des couleurs, et les cadres réfléchis et travaillés renforcent cet aspect pictural. L'ensemble baigne dans un ton sépia presque perpétuel. Très réussis également, les costumes évoquent un certain puritanisme et une candeur contrastant avec le final plus dur du film.
Les actrices sont plutôt convaincantes. Kirsten Dunst joue la résignation à merveille, et Elle Fanning maîtrise aussi bien la jeunesse pleine d'envies que la naïveté et l'immaturité de son personnage. Il n'y a que Nicole Kidman que décidément, je n'arrive plus à comprendre, tant le botox l'empêche de communiquer quoi que ce soit.
Plus qu'un long métrage fait avec les tripes, Les Proies est un exercice de style. Réfléchi dans ses cadres, ses couleurs, ses décors, sa direction d'acteurs et, plus généralement, dans sa réalisation, il est visuellement magnifique. Mais cette forme grandiose, qui a été faite au détriment du fond, malheureusement pauvre et attendu, nous rappelle qu'une bonne réalisation ne fait pas tout. Quel dommage.