(critique provisoire, en attendant une meilleure)

Là où la bienveillance échoue à raisonner les pulsions, l'insolite prend le relais.

Film français aux frontières de la cohérence, Gonzales nous invite à une parodie de sa vision de la mondanité dans une perspective sadienne mais drolatique. Imaginez un peu : on vous demande, lors d'une réunion familiale, de raconter une anecdote croustillante à votre sujet. Que faites-vous ? Vous exhibez votre incommensurable prothèse génital bien sûr.

Pour en revenir à Sade, on retrouve dans ce film des similitudes avec "La Philosophie dans le boudoir" de 1795. De brumeux mentors explorent la vie et le genre théâtral à travers l'éducation sexuelle, la société de leur temps et la place des Arts. Nombreux sont les plans nous initiant à la beauté pictural en jouant avec les couleurs, la lumière (notamment des clair-obscurs) et la place des comédiens dans le cadre.

Prenons en exemple la scène de la prison de l'Etalon. Une cage rongée par la rouille dans le néant le plus total. L'absence de repères visuels nous fait abandonner tout espoir de logique. La source de lumière qui éclaire le tout est improbable mais reste un détail mineur dont on ne se soucie pas. Un saugrenu Cantona en couche-culotte vient nous ramener à la réalité. Alors que notre ami se fait touer d'un langage fleuri et de coups de fouet, les loufoques geôliers s'adonnent à la branlade malsaine nourrie d'un oeil torve., rappelant la curiosité perverse et la satisfaction d'instincts primaires de tout à chacun. Absolus juges se délectant d'un spectacle dont ils ne comprennent pas le sens mais se suffisent du visuel chargé, semblables à nous-mêmes qui regardons ce film avec une pointe d'incrédulité et de fascination.

Basé sur l'impossible et l'imprévisible, muni d'un Cantona pour le moins inhabituel, d'une Moran convaincante bien que trop théâtrale et d'un Schneider en cosplay d'Albator, Gonzales favorise l'excès et nous bombarde d'un amalgame de réflexions boulevardières, de rapports à l'invisible, d’idiomes profanes et de discours libidineux pour un exercice de style à la fois étrange et élégamment construit.

https://www.youtube.com/watch?v=u_u5iCHi0Jo
Gaspard_Savoureux
10

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le 21 sept. 2014

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